Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (14)

Samedi 4 avril. Reprenons la sonnerie d’hier et étendons-la en y ajoutant une note plus grave qui viendra asseoir l’ensemble, lui donner plus de consistance. Nous obtenons l’accord fa# mineur : fa#-la-do#.

Le ton d’une cloche dépend de deux facteurs : son diamètre et l’épaisseur de sa paroi. Plus le diamètre est grand, plus le son est grave. Plus la paroi est épaisse, plus le son est aigu, mais plus il résonne et porte loin.

Autrement dit, si on veut qu’une cloche sonne bien et loin, il faut augmenter son épaisseur et donc la quantité de métal. Mais dans ce cas, le ton va remonter et il faudra compenser en augmentant le diamètre… et qui dit diamètre plus grand dit à nouveau métal supplémentaire et poids plus important. Nous aurons vite compris que l’augmentation est exponentielle. Le poids d’une cloche de même tonalité peut sans problème varier du simple au double.

La cloche et donc un instrument de musique qui s’achète au kilo et il faut pouvoir faire des compromis entre le résultat idéal escompté et le poids de la bourse du commanditaire.

C’est pourquoi il existe plusieurs gammes de cloches qu’on appelle profils : pour les mêmes tons, on proposera différentes épaisseurs et donc différents poids pour satisfaire tout le monde. C’est ainsi qu’un ré pour par exemple peser 1.300 kg, 1.500 kg, 1.800 kg ou plus encore suivant qu’on choisira un profil léger, moyen, lourd, extra lourd… Cette échelle varie d’un lieu à l’autre. En Allemagne la norme va vers des profils fort lourds alors qu’ils sont plus légers en Italie.

A Gembloux, pour nos contrées, c’est assez lourd !

Les cloches installées juste après l’incendie de 1905 avaient un profil un peu plus lourd encore. Voici une photo qui les montre présentées dans l’église pour leur bénédiction. Elles furent expédiées par chemin de fer le 7 mars 1907 (la photo n’est donc pas de 1906 comme indiqué) et un télégramme confirma leur bonne arrivée à Gembloux le lendemain. Le bourdon légué par Gustave Docq viendra plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : Les cloches dans l’église en 1907 : Fonds Lucien Hoc du Cercle royal ‘Art et Histoire’. Lettre de voiture et télégramme : archives de la fonderie Causard-Slégers de Tellin (Archives de l’État à Saint-Hubert) – article Manu Delsaute