Dimanche 3 janvier 2021 – fête de l’Epiphanie B

Tous les hommes sont associés au même héritage

Eph 3, 2-3.5-6   –   Mt 2, 1-12

En Jésus Christ, Dieu fait homme, tous les hommes, au-delà de leurs différences, sont enfants de Dieu et « sont associés au même héritage, au même corps et au partage de la même promesse » (Eph 3, 6).

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En célébrant la fête de Noël, nous confessions qu’en l’Enfant Jésus, c’est Dieu lui-même qui se fait homme. C’est cela que nous affirmons avec le credo de Nicée-Constantinople en disant:« pour nous les hommes et pour notre salut, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».  Aujourd’hui, en célébrant la fête de l’Epiphanie, nous nous réjouissons parce que l’incarnation du Fils de Dieu dépasse les limites des frontières d’Israël et de la religion juive. Nous sommes heureux avec les mages parce qu’en l’Enfant de la crèche, c’est de Dieu lui-même qui rejoint chaque homme et tous les hommes dans leur humanité. Il devient l’un de nous. Il est le «Dieu-avec-nous» (Mt 1, 23) et il habite parmi nous (Jn 1, 14). Il est semblable à nous en toutes choses, à l’exception du péché (He 4, 15).

C’est pour cela que nous redisons qu’en Jésus de Nazareth, tous les hommes sont enfants de Dieu. Ils sont différents les uns des autres par la couleur de leurs peaux, par leurs religions, par les pays où ils habitent, par les conditions sociales et politiques, etc. Même s’il y en a parmi des bons et des méchants, Dieu ne fait aucune distinction entre ses enfants. « Il fait lever son soleil sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Et, partout où les hommes sont, s’ils prient, Dieu écoute leurs prières et les exauce. Comme les mages, de partout et en tous les temps, s’ils se tournent vers le même Dieu en l’appelant selon leurs langues et traditions, Dieu les accompagnent avec ses grâces tout au long de leurs histoires respectives.

Les Juifs se réfèrent à la Torah pour reconnaître les signes et les promesses de Dieu à son peuple. Les mages, eux, scrutent les cosmos pour découvrir à travers les astres les signes des promesses annoncées autrefois par Dieu par l’entremise de leurs propres traditions religieuses. Célébrer la fête de l’Epiphanie, c’est reconnaître qu’au-delà des traditions religieuses et culturelles, Dieu a créé les hommes en les dotant tous de mêmes aspirations humaines fondamentales. Ils recherchent tous la vérité. Ils désirent plus que tout d’aimer et d’être aimé. Ils ne se contentent pas des plaisirs éphémères, car, il y a, au fond de chaque être humain, ce besoin fondamental d’épanouissement total. Et, c’est Dieu en personne qui peut venir étancher cette soif de bonheur. En cela, tous les hommes partagent effectivement la promesse que c’est en Dieu qu’ils trouveront la plénitude de vie qui pourra réellement les combler définitivement.

Tout en ayant les mêmes aspirations fondamentales, les hommes partagent aussi la même planète. Avec le processus de mondialisation entamé depuis des décennies et dans lequel nous vivons pleinement aujourd’hui, nous comprenons mieux que les hommes de tous les continents partagent le même monde interconnecté comme leur unique espace de vie. Ils y sont associés comme à un seul corps. Cela peut nous faire penser à l’image de l’Eglise comme « Corps du Christ » dont nous parle Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (1 Cor 12, 12-27). Nous sommes, tous ensemble le Corps du Christ et chacun de nous, pour sa part, est un membre de ce corps (1Cor 12, 27). Une unité et une communion entre les hommes qui nous invitent à accepter la Déclaration des Droits humains et de les respecter, afin de grandir ensemble en humanité.

Tous les hommes sont associés au même héritage parce que la vie éternelle est l’héritage que Dieu réserve à tous ses enfants sans distinction. En parlant de la fin des temps, Jésus disait qu’il dira à ceux qui auront fait le bien sur la terre: « « venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde » (Mt 25, 34). Ainsi, si nous nous considérons tous comme des frères et sœurs et si nous nous aimons en actes et en vérité (1 Jn 3,18), nous serons comptés parmi cette foule immense composée des hommes et des femmes de toutes les nations, tribus, peuples et langues ayant des palmes de victoire à la mains, dont nous parle Saint Jean dans l’Apocalypse (Ap 7, 9).

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La naissance de Jésus nous apprend que tous les hommes créés par Dieu ont la même origine, partagent sur la terre la même humanité, et aspirent à la même destinée finale. Prions le Père, qui fait de nous ses filles et fils en Jésus Christ, de nous donner la grâce de construire entre nous une solide fraternité au cœur de ce monde.

Abbé Étienne Kaobo Sumaidi

Gembloux, le 2 janvier 2021