1er dimanche de l’Avent C – 28 novembre 2021

Chers frères et sœurs,

Nous commençons aujourd’hui la nouvelle année liturgique. L’Eglise nous demande, chaque année, de célébrer l’ensemble des mystères chrétiens. Le porche d’entrée est bien l’humble venue du Fils de Dieu en notre terre. Le porche de sortie, que nous célébrions dimanche dernier est la grandiose récapitulation de toute la création et de toute l’histoire dans le Christ Roi de l’univers.

En ce premier dimanche de l’Avent, nous commençons la célébration de Noël. Le prophète Jérémie nous situe devant le cœur du mystère de l’Incarnation. Il le fait grâce à deux expressions qui rythment toute l’annonce de ce mystère dans l’Ancien Testament : la promesse et la justice.

1.la promesse, tout d’abord. Toute la Bible est l’annonce de la promesse de Dieu. Alors que toutes les religions qui se sont multipliées dans l’humanité reposent sur une demande des hommes assortie d’une promesse faite à Dieu par les hommes pour pousser Dieu, à les exaucer. Dans la foi d’Abraham, tout commence par une prière de Dieu adressée à l’homme : fais confiance à ma parole. Et c’est Dieu qui assortit sa prière à l’homme d’une immense promesse : si tu me fais confiance, alors je te comblerai.

D’emblée, le mot promesse situe l’homme, le croyant, dans sa véritable position devant Dieu. Être croyant, ce n’est pas prendre l’initiative d’aller vers Dieu, c’est, à l’inverse, se faire tout accueil devant une initiative de Dieu. C’est Dieu qui décide de venir vers les hommes, de s’approcher d’eux pour leur faire découvrir combien tout ce qu’ils rencontrent de positif dans leur existence, est un don que Dieu leur fait. Tout est grâce.

Or ceci est entièrement nouveau pour les hommes. Leur habitude religieuse les a conduits à se situer d’emblée en vis-à-vis de Dieu. Ce vis-à-vis s’est vite transformé en rivalité, pour le moins en concurrence. Or la Bible nous dit que la seule position légitime et juste de l’homme devant Dieu est d’admettre que tout en l’homme, son existence comme sa capacité de se dresser devant Dieu, absolument tout vient de Dieu, tout est don de Dieu, tout est fruit d’une promesse de Dieu. Jusques et y compris la venue sur terre du Fils de Dieu.

2.D’où le mot justice. Il voudrait mieux dire justesse. Le nom que l’on donnera au Sauveur, sera le suivant : le seigneur est notre justice, notre justesse.

L’homme Jésus, en effet, puisqu’il est homme Fils de Dieu, rétablit, en son être même, la position juste de l’homme face à son créateur, c’est la position même du Fils de l’Eternel devant son Père, position de qui est convaincu qu’il a tout reçu, alors même que rien ne lui était dû. Cruelle découverte pour nous qui, si facilement, pensons que tout nous est dû. Remarquons simplement comment, face à Dieu, nous échappent des propos revendicatifs. Notre prière de demande, n’est-elle pas souvent, un cahier de doléances ou une récrimination larvée ?

Jésus, à l’inverse, nous dira : votre Père sait bien ce qu’il vous faut. La seule position juste devant Dieu sera l’Action de grâce : la conviction que tout en nous, y compris notre action dont nous pensons si facilement qu’elle est le fruit de notre initiative, est un don de Dieu, une grâce.

Chers frères et sœurs,

D’avoir retrouvé cette position juste de l’homme devant Dieu ne peut qu’entraîner un réajustement de notre position devant les hommes. La vérité de notre position devant Dieu que nous ne voyons pas réside dans la justesse de notre position devant les hommes que nous voyons. En vérité, notre façon de nous situer devant les hommes sera le critère capable de nous faire vérifier la vérité de notre attitude envers Dieu. Sans cette vérification, nos propos sur Dieu risquent fort d’être une mauvaise théorie, un verbiage oiseux, à la limite, un mensonge.

Qu’il nous suffise, aujourd’hui, de percevoir ce lien étroit entre Dieu et nos frères et sœurs, ce lien n’est pas autre chose que le commandement évangélique dont Jésus nous dit qu’il est l’unique en deux volets : tu aimeras ton Dieu, tu aimeras ton frère, ta sœur. Ce lien étroit entre Dieu et les frères, les sœurs est le point culminant de l’Incarnation. Dieu se faisant nous autorise désormais à ne chercher son visage de Dieu que dans le visage de nos frères, de nos sœurs : ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à que vous l’avez fait, nous dit le Seigneur. Amen !

Abbé Jeannot-Basile Nduwa Kakwata