Echo de la célébration œcuménique du 20 janvier 2022

Dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18 au 25 janvier), la communauté protestante (église protestante unie de Belgique) de Gembloux et la communauté catholique ont célébré ensemble le Seigneur autour du thème proposé et préparé par les églises du Moyen-Orient :  Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage.

La pasteure Priscille Djomhoué a assuré la prédiction, que vous pouvez retrouver à la fin de cet article.

Au cours de la célébration chacun a été invité à venir ajouter son étoile près de celle qui nous rappelle que la lumière du Christ brille sur nous comme elle brillait dans le ciel de Bethléem. En ajoutant nos propres étoiles au ciel, nous unissons nos dons et prières pour l’unité visible de l’Eglise.

Prédication           Matthieu 2, 1 -12

La parole de Dieu est lue par toute sorte de personnes : les poètes, les artistes et les savants. Les poètes et les artistes lisent avec le cœur, tandis que les savants lisent de manière analytique, avec la tête : les deux se complètent. Mais cette histoire des mages montre comment le Christ enrichit toute personne qui lui apporte son cœur. Les mages sont venus avec la joie dans leurs cœurs, et Dieu leur a permis de voir des choses merveilleuses.

L’évangéliste Matthieu nous donne une image positive des mages et les traite avec gentillesse. Mais cette bienveillance envers les mages ne signifie pas que l’astrologie ou les horoscopes sont légitimes pour le juif. Les principaux moyens de révélation de Dieu pour eux sont les prophètes, les Écritures, et non les étoiles. L’astrologie constitue un système religieux alternatif, incompatible avec la croyance juive, car elle accorde trop d’importance au mouvement des astres. Dieu est au contrôle, mais pas les étoiles.

L’utilisation par Dieu d’une étoile pour guider ces mages vers Jésus était une chose unique. Dieu en effet ne nous parlent pas un langage que nous n’allons pas comprendre : il utilise notre cadre de vie. Il utilisa alors le cadre de vie des mages, leurs outils et leurs symboles pour leur parler, pour les orienter, pour leur annoncer le salut.

Ces mages faut-il le signaler ne sont pas de Bethlehem. Etrangers et païens, ils sont porteurs de coutumes étranges et leur sagesse n’est pas celle du judaïsme, dirons-nous, comme nous le ferions avec nos contemporains d’ailleurs : nous, hommes et femmes des églises, ne regardons-nous pas trop souvent ceux qui sont éloignés avec méfiance ? Sommes-nous prêts à accepter qu’il y ait en dehors de notre église, de notre confession religieuse, qu’il y ait ailleurs des hommes et des femmes qui vivent avec leurs cultures, une relation authentique au Dieu vivant ?

Nous sommes encore en marche, et nous n’avons pas encore tout trouvé, tout compris. Nous avons certes trouvé le Messie qui pour nous est Jésus, mais nous ne l’avons pas encore trouvé en plénitude, car si tel était le cas nous serions déjà davantage transformés et renouvelés. Je suis convaincu que Dieu nous rejoint dans notre histoire personnelle ; il nous donne des signes de sa présence quand bien même nous croyons qu’Il est absent. Nous ne savons pas toujours discerner les signes qu’il nous envoie et par lesquels il veut donner un sens à notre vie. Il suffit d’un seul signe comme celui qui fut accordé aux Mages, là où nous sommes, au cœur de notre vie, au cœur de nos habitudes : oui il faut un signe identifié et reconnu, il faut se laisser détourner pour découvrir qu’il y a une lumière, que l’amour vrai et imperturbable existe.

Parfois nous voulons être maîtres et maîtresses de notre destin : tout comprendre, tout maîtriser, tout détenir et tout modeler, comme Hérode que personne ne doit venir contrarier. Les mages eux se sont laissé contrarier, ils se sont laissé détourner de leur voir habituelle pour découvrir autre chose et s’approcher de Dieu. Ils n’ont pas dit que ces vieilles prophéties de la Bible n’avaient aucun sens ! Ils ont accepté humblement de découvrir, ils ont compris que Dieu était descendu bas, très bas, pour nous rencontrer et cela leur a suffi pour prendre la route. Dieu peut aussi faire lever son étoile, sa lumière sur nos vies, qui que nous soyons.

Personne n’est exclu du salut ; nous sommes frappés par le contraste entre ces Gentils, ces païens qui suivent l’étoile jusqu’à Jésus, et les principaux sacrificateurs et scribes, qui connaissent les Écritures mais qui ne font rien pour rechercher le Messie, qu’ils ont indiqué à seulement huit kilomètres, à Bethléem (v5). Le peuple de Dieu ignore le Messie, tandis que les païens le recherchent avidement.

Matthieu traitera favorablement un centurion Gentil romain (8,5-13) et une Gentil Cananéenne (15,21-28). Il inclut également des femmes, y compris des femmes de réputation douteuse (Rahab), dans la généalogie de Jésus. Il précise que les barrières qui séparent les gens les uns des autres ne les séparent pas de l’amour de Dieu. Comme le dira plus tard l’apôtre Paul dans sa lettre aux Éphésiens, « il… a brisé le mur qui nous séparait, c’est-à-dire l’hostilité entre nous » (Éphésiens 2,14).

Biens aimés peuple de Dieu,

Ce qui est en jeu dans ce récit des mages, c’est l’effondrement des murs de séparation – la fin des hostilités entre des groupes de personnes (Éphésiens 2,14). La parole de Dieu aujourd’hui nous met en garde, nous qui sommes chrétiens. Nous ne pourrons pas considérer ceux qui sont différents et qui ne croient pas comme nous comme étant indigne de l’amour de Dieu. Nous n’avons pas le droit de considérer ceux qui ne pensent pas comme nous, qui ne s’habille et ne se coiffent pas comme nous, qui ne mangent pas comme nous comme étant indigne.

Les nations si différentes soient-elles ne sont ni rejetés, ni isolées : le Christ est le lien qui enlève de nos yeux, cette écaille qui nous donne de considérer la différence comme une justification de l’exclusion. La différence est voulue, elle est nécessaire, elle est constructive et saine. Mais la division, l’exclusion c’est l’autre nom du Diable. Le Christ détruit le pouvoir de l’exclusion et permet aux humains dans leur diversité, de vivre ensemble dans l’unité et la paix.

Il est donc temps pour les humains d’abandonner le tribalisme (racial, national, continental, religieux et confessionnel, professionnel etc.). Il faut agrandir nos tentes pour accueillir même celles et ceux que nous préférerions ne pas aimer. C’est une question brûlante, car aimer ceux qui ne font pas partie de notre clan est difficile, mais Christ rend cela possible.

La Parole de Dieu ce soir suscite en nous une question. Oui, chaque fois que je me retrouve face à quelqu’une, quelqu’un de différent, comment puis-je l’atteindre dans l’amour ? La bonne question ce n’est pas dois-je l’aimer, mais plutôt comment l’aimer.

En tout cas, ils l’ont fait : ils sont chrétiens du Liban, de Syrie et d’Egypte, ils sont chrétiens de confessions différentes. Ils habitent chacun, un monde marqué par des défis qui s’expriment de manière différente : des guerres, des explosions, des pleurs, des déceptions, la misère, la souffrance. Ensemble, leurs différences n’ont compté que pour enrichir leurs réflexions, et pour nous proposer cette année à l’occasion de la semaine de l’unité, ce précieux texte de l’évangile de Matthieu. De leur obscurité, ils ont vu la lumière, et ils se sont empressés de la partager avec nous, avec le monde entier. Le monde semble établir des barrières entre les humains différents, mais eux, leur différence a été stimulante, leur différence, ils en ont fait des pièces du Puzzle qui dit l’espérance.

Ils nous invitent alors, ces chrétiens de nationalité, de cultures différentes et aux défis multiples, à nous retourner, oui, à détourner notre regard de tous ce qui nous rend captif et esclave pour fixer ce pouvoir unificateur, pour nous mobiliser vers l’astre apparu en Orient, à la rencontre du Christ. Ils ont vu l’astre, ils l’ont suivi, et ils nous invitent, nous qui habitons un pays développé, et qui avons faim ; nous qui sommes au cœur de l’Europe, la grande Europe, et qui ne parvenons plus à payer nos factures d’énergie ; nous qui voyons les supermarchés jeter de la nourriture au quotidien, et qui mourrons de faim ; nous qui avons des chercheurs, de grands hôpitaux, un corps médical bien formé et qui ne comprenons plus rien de la situation sanitaire ; nous qui possédons de grandes institutions dont le but est de garantir la sécurité des personnes et des biens, et qui sommes victime des violences de toute sorte ; nous qui avons des bâtiments et des immeubles élevés dans nos cités, dont certains sont abandonnés, et qui côtoyons la misère des personnes qui dorment et meurent dans les rues. Les chrétiens d’Orient nous invitent à l’espérance, retournons-nous vers celui qui nous apporte la vie, et montrons au prochain, l’amour inconditionnel et gratuit qu’il nous manifeste.

Qu’Il bénisse en nous, l’écoute de Sa Parole. Amen.