24 janvier 2021 – 3e dimanche dans l’année B

La vocation, chemin de conversion

Si je vous parle de vocation, à quoi pensez-vous ?  À la crise des vocations ?  Peut-être aux cinq jeunes francophones qui sont entrés au séminaire cette année ?  Quand on parle de vocation, on s’imagine une qualité particulière, un don surnaturel, une volonté hors du commun que certains auraient pour devenir prêtres et d’autres pas.  « Il a la vocation, ça se voit », entend-ton parfois.

Et pourtant, la vocation n’a rien d’un privilège réservé à quelques-uns.  Chacun de nous reçoit une vocation propre, unique, aussi belle que celle des prêtres et des saints, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte.  Et cette vocation est le chemin de notre conversion.

Au sens étymologique, la vocation est un appel (latin vocare).  Si nous sommes sur terre, c’est parce que Dieu nous y a appelé pour une mission particulière.  Cet appel, nous le recevons à tout âge, quel que soit notre état de vie.  Quand le Christ appelle Simon, André, Jacques et Jean à venir à sa suite, c’est nous qu’il appelle.

Nous aussi, nous sommes appelés par le Christ à annoncer la bonne nouvelle, si nous choisissons d’abord d’entendre son appel et ensuite d’y répondre.  Choisir d’accepter librement l’appel du Christ, c’est déjà entamer le chemin de notre conversion.  Car la conversion, c’est d’abord répondre à notre vocation.

La vocation n’est donc pas quelque chose que l’on possède mais quelque chose que l’on reçoit, dans notre vie concrète.  Dieu nous a-t-il donné des enfants ?  C’est notre responsabilité de les élever dans l’amour de Dieu et de leur annoncer l’Évangile en premier, pas celle des catéchistes ni celle du curé de la paroisse.  Dieu nous a-t-il donné des talents professionnels ?  C’est à nous de témoigner les mettre au service de l’Église mais aussi de témoigner de foi sur notre lieu de travail.  Sommes-nous grands-parents ?  C’est à nous d’annoncer la foi à nos petits-enfants, de redécouvrir avec eux la prière quotidienne.  En Italie, un proverbe dit d’ailleurs que la foi se transmet par les « nonne », les grands-mères.  Sans oublier la prédication qui nous revient à tous comme tâche quotidienne, celle de porter l’Évangile aux personnes que nous côtoyons, dans une conversation par exemple. Être disciple c’est avoir la disposition permanente de porter l’amour de Jésus aux autres, spontanément en tout lieu : dans la rue, sur la place, au travail, en chemin, sans avoir honte de sa foi.

Saint Rémi, en parlant de ce passage, expliquait que c’est par les filets de la prédication de la bonne nouvelle que les apôtres ont retiré les poissons, c’est-à-dire les hommes, des profondeurs de la mer, c’est-à-dire des ténèbres et de la peur, pour les amener à la foi et à la joie de l’Évangile : « Pèche vraiment digne d’admiration ; car à peine les poissons sont-ils hors de l’eau, qu’ils meurent, tandis que les hommes trouvent la vie dans les filets de la prédication, où ils sont pris. »

Mais aucun poisson ne peut se pécher lui-même hors de l’eau.  Personne, aucun individu ni aucune communauté, ne peut s’annoncer à lui-même l’Évangile, la foi vient de l’écoute.  De la même manière, personne dans l’Église ne se donne sa mission à soi-même ni ne décide seul qu’il « a la vocation » pour telle ou telle tâche d’Église.  Tout comme personne ne peut se conférer à lui-même ses charismes mais les reçoit de Dieu, nous recevons nous-mêmes notre mission du Christ, à travers un appel de son Église.  Un signe clair de l’authenticité d’un charisme est d’ailleurs son ecclésialité, sa capacité de s’intégrer harmonieusement dans la vie du peuple saint de Dieu, pour le bien de tous, précise le Pape François.  Car l’Esprit distribue partout les dons nécessaires à pour renouveler et construire son Église et le Christ appelle sans cesse à sa suite.  Sommes-nous capables, laïcs et pasteurs, de reconnaître ces vocations qui sont déjà sous nos yeux et de relayer nous-même l’appel de Jésus aux autres ?

En cette période particulière de désert, pourquoi ne pas prendre le temps en famille et en paroisse, de réfléchir sérieusement à notre vocation, dans le silence de la prière, le dialogue avec les autres et avec notre père spirituel ?

Découvrir sa vocation propre, la raison pour laquelle Dieu nous a appelé, c’est une source de joie.  Accepter d’y répondre librement, avec le « oui » de Marie, quel que soit notre âge, et de réaliser non pas ce que nous voulons mais ce que Dieu veut, c’est le chemin de conversion vers notre salut.

Amen.

Olivier đ