Dimanche 10 janvier – Fête du Baptême du Seigneur B

Le Baptême du Seigneur est un événement capital dans l’histoire de la vie de Jésus, dans la compréhension de son identité et de son mystère.

Si trois évangélistes racontent la scène , si l’église en a fait une fête spéciale pour le célébrer, cela veut bien dire que cet événement est essentiel pour notre vie spirituelle. Nous y trouvons, en effet, et fortement manifestée, ce que l’on peut appeler l’humilité de Dieu. Mais nous y trouvons aussi révélée la nature divine de Jésus ainsi que tout le rapport entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance.

Pour les gens qui se trouvaient auprès de Jean Baptiste ce jour-là, la venue de Jésus au bord du Jourdain passa tout simplement inaperçue. Jésus, fils de Joseph, comme tant d’autres, venait demander le baptême de Jean. Mais pour nous, les chrétiens ayant bénéficié de l’annonce de la résurrection de Jésus, lorsque nous relisons cette scène, nous en demeurons confondus. Le fils de Dieu, l’auteur de la vie, le trois fois saint, le voici, prenant humblement rang au milieu de la foule pour solliciter, comme chacun, le baptême annoncé par Jean: » repentez vous et faites pénitence… » Le fils de Dieu se met donc au rang des pécheurs.

Jean Baptiste, lui, est éclairé. Voyant Jésus, il se récuse. Il ne veut pas le baptiser mais demande, au contraire, à Jésus de le baptiser. Aucune supplication n’y fait. Jésus insiste et Jean se soumet. Jésus entre dans les eaux comme tous ceux qui ont fait cela avant lui. « C’était nos péchés qu’il portait… » avait annoncé le prophète.

Aujourd’hui, la prophétie se réalise. Dieu est vraiment venu au milieu des pécheurs. Il s’est fait péché pour nous.

Pourtant lorsque Jésus remonta du Jourdain, le ciel gronda, et une voix se fit entendre:  » celui-ci est mon fils bien aimé; en lui j’ai mis tout mon amour. » Aussitôt après la manifestation de l’humilité de Dieu, du réalisme de l’incarnation, est proclamée la nature divine de Jésus. Ce Jésus que les disciples découvriront après la résurrection, cela était donc vrai depuis les origines humaines de Jésus. Ce Jésus qu’ils ont accompagné pendant trois ans de vie publique était, alors que personne ne s’en était encore aperçu, celui qui se manifestera au jour de Pâques, le fils bien aimé de Dieu sur lequel repose l’Esprit-Saint.

C’est ce lien étroit, intime, entre la divinité et l’humanité qui constitue la véritable identité de Jésus. Tout au long des dimanches de l’Avent et des fêtes de la Nativité, c’est ce mystère que nous avons contemplé. La Foi chrétienne se redit encore aujourd’hui autour de cet événement du baptême. Nous ne le répéterons jamais suffisamment, en effet, la Foi chrétienne n’est rien si elle n’est pas l’affirmation de la divinité de cet homme authentique qu’est Jésus de Nazareth. C’est vrai que cette identité n’est repérable que par la Foi. Elle échappe complètement aux regards humains et à nos états civils. Elle fut le seul ressort  de toute la vie, comme de la passion du Seigneur.

La foi chrétienne est l’accomplissement de la foi d’Abraham et de cette réalité humano-divine, jaillit la foi et la vie de l’église. Il nous faut avoir, nous chrétiens, la même humilité que celle que pratiqua Jésus. La même audace aussi, afin de nous arracher, non pas aux richesses de l’Ancienne Loi, mais aux limites et aux accoutumances de ses adeptes antiques qui peuvent sans cesse devenir nos propres accoutumances et nos propres limites.

Nous aussi nous pouvons devenir de mauvais pharisiens, de faux légistes, des pratiquants de la lettre qui refusent l’esprit. Et, cependant, nous devons demeurer des fils d’Abraham, tellement confiants en la parole de Dieu que nous soyons quotidiennement rendus capables d’accueillir Dieu, non comme nous souhaiterions qu’il se se présente, mais comme il entend, lui, venir jusqu’à nous.

Abbé Jeannot-Basile Nduwa Kakwata