3e dimanche de Pâques C – 1er mai 2022

                             Ac 5, 27b-32 ;  Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19

Apparition de Jésus au bord du Lac : la pêche miraculeuse.

C’est pour la troisième fois que Jésus apparaisse à ses disciples après sa résurrection. Cette troisième apparition est un geste de réconciliation avec ses disciples qui l’avaient renié et abandonné. Cependant, le Seigneur s’est manifesté à eux pour leur redonner sa confiance et son amour. Dans l’église née du souffle de l’Esprit, du sang versé de l’agneau et fondée sur la foi des apôtres, c’est l’amour qui doit emporter sur toute chose.

C’est cet amour qui a animé les apôtres et Pierre en particulier à proclamer devant le Sanhedrin « qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Les disciples se retrouvent devant les autorités religieuses qui leur avaient défendu de parler de Jésus, et qui croyaient avoir ainsi réglé le problème de façon définitive. Cependant, les Apôtres ont su dire « non » à cet ordre exprimé sur un ton de menace : « nous vous avions formellement interdit d’enseigner en ce nom-là. Or, voici que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement ». Les Apôtres ont su désobéir aux autorités par obéissance à Dieu. Ils ont dit « non » à ceux qui voulaient les empêcher de parler de Jésus Christ.

En effet, ce texte s’applique aussi bien à notre réalité d’aujourd’hui qu’à celle du temps des premiers chrétiens après la résurrection. Chaque civilisation a ses certitudes et les dirigeants n’acceptent pas facilement que les gens soient en désaccord avec eux.

Aujourd’hui les dogmes modernes sont : la liberté, la démocratie à l’américaine, le capitalisme, la séparation de l’église et de l’état, la laïcité pure etc. Critiquer, contester le système en place, ouvrir une brèche, c’est ébranler tout l’édifice qui repose sur l’illusion d’être universel, total et absolu.

Les dirigeants exigent souvent une approbation inconditionnelle et font tout pour discréditer, ridiculiser, démolir ceux qui ne pensent pas comme eux : « si tu veux avoir du succès dans la vie, tu dois être d’accord avec ceux qui gouvernent. Si tu veux faire carrière, tu dois intégrer le système, c’est-à-dire tu dois intégrer leur vision du monde. Si tu veux obtenir un poste de directeur, une fonction politique, tu dois apprendre à penser comme ceux du parti. Si tu veux faire de l’argent, il faut jouer selon les règles imposées par le marché même si ce jeu n’est pas toujours propre et honnête ».

Cependant, les Apôtres ont eu le courage de résister aux pressions exercées par les dirigeants et ont continué à annoncer Jésus-Christ ressuscité. Leur geste de défi doit être une inspiration pour chacun de nous : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Ainsi, être chrétien signifie maintenir notre liberté de penser et d’agir, savoir s’opposer à ce qui est injuste, dire non à ce qui va contre le droit des personnes innocentes, être capable de défendre sa foi. Par ailleurs, le chrétien doit en même temps avoir une approche critique vis-à-vis de la société, de la politique, de la religion, de la culture, de la tradition tout en maintenant une attitude de dialogue, de réconciliation, de fraternité et de collaboration.

Aujourd’hui dans l’évangile, nous sommes au bord du Lac Tibériade où Jésus avait promis à ses premiers disciples de faire d’eux des pêcheurs d’hommes. Après la mort de Jésus, les disciples retournent à leur vie professionnelle des pêcheurs. C’est au cœur de leur quotidien que le ressuscité va se manifester à eux. Pierre est au centre de ce récit. Il prend l’initiative d’aller à la pêche, de se jeter à l’eau pour rejoindre le Seigneur sur le rivage, de ramener à terre la pêche commune. Finalement, c’est à lui que Jésus confie la direction pastorale de son église, malgré son triple reniement. Jésus ne lui demande que de l’aimer : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». Cette triple interrogation renvoie au triple reniement de Pierre, mais elle ne concerne pas que Pierre, elle s’adresse à chacun d’entre nous. Elle nous fait entrer dans la compréhension de qui est ce Jésus que nous devons aimer.

Jésus que nous devons aimer est celui de la croix, « l’agneau immolé » qui a versé son sang pour nous. Et l’Apocalypse de Saint Jean nous démontre que, ce que les hommes prétendent obtenir par leur seule force et leur intelligence : puissance, richesse, sagesse, honneur, louange, Jésus l’a reçu pour nous sur la croix et il est devenu le Seigneur de l’univers. Nous ne pouvons rien recevoir de beau, de vrai et de durable sans pouvoir nous associer au Christ.

Laissons le Christ monter dans nos barques pour donner sens à toutes nos actions.

Amen

Abbé Hugues MBATIZOMA