2e dimanche dans l’année A – 15 janvier 2023

Jésus Christ, « l’Agneau de Dieu »

Le titre « Agneau de Dieu » attribué à Jésus Christ est repris cinq fois dans la célébration eucharistique dominicale. Une fois dans le chant du Gloria et quatre fois dans le rite de la communion dont trois fois lors du chant de l’Agneau de Dieu et une fois lorsque le prêtre présente l’hostie et invite les fidèles à la Communion. Ce qui fait de ce titre l’un des ceux qui sont les plus répétés durant la messe. En entendant ce dimanche Jean-Baptiste désigner ainsi Jésus, nous pouvons nous demander ce que cela signifie et quel est le sens de ce titre pour nous chrétiens ?

« Voici l’Agneau de Dieu »

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde » (Jn 1, 29). C’est ainsi que Jean-Baptiste présente Jésus à ceux qui étaient avec lui au bord du Jourdain. Par ce titre, Jean-Baptiste désigne Jésus comme le Messie attendu et comme celui qui, par son sacrifice est le Sauveur qui est venu pour pardonner les péchés des hommes.

En effet, le titre « Agneau de Dieu » renvoie à la réalité du sacrifice offert au temple. Elle remonte à la tradition juive de l’agneau pascal. Selon le calendrier juif, chaque année, un agneau est offert en sacrifice dans chaque famille pour que le peuple d’Israël se rappelle la sortie d’Egypte. Dans ce sens, par le sang de l’agneau immolé, c’est Dieu qui initie la libération de son peuple du pays où il était esclave pour le conduire vers la terre promise.

Toujours dans le cadre rituel, nous pouvons associer ce titre d’Agneau de Dieu à l’image du sacrifice expiatoire. C’est-à-dire une offrande faite à Dieu par un croyant et présentée par un prêtre en vue d’expier ses péchés personnels ou ceux de sa famille. Après une telle offrande le peuple juif croyait que c’est Dieu lui-même qui pardonne les péchés de ses enfants. Ainsi, avec la miséricorde divine exprimée de cette manière, les Juifs se sentaient en état de grâce et espéraient recevoir d’autres grâces et bienfaits de la part de Dieu.

Jésus Christ, « l’Agneau de Dieu »

En désignant Jésus comme « l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde » Jean-Baptiste situait la vie et la mission de Jésus dans le cadre du sacrifice rituel. Même s’il n’avait pas l’occasion de voir la mort de Jésus sur la croix, Jean-Baptiste annonçait, comme prophète, que Jésus allait s’offrir volontairement pour mourir à la place de tous les pécheurs afin de racheter et sauver les hommes de leurs péchés.

La suite des évangiles nous montre clairement que Jésus Christ lui-même a compris sa vie et sa mission dans ce cadre du sacrifice. Il a dit : « car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 45). C’est aussi dans ce sens que nous lisons et répétons les parole de la Sainte Cène où Jésus dit : « ceci est mon corps, donné pour vous (…) cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang répandu pour vous » (Lc 22, 19-20). Et, c’est en acceptant volontairement ce sacrifice en disant à son Père : « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » que Jésus offre effectivement sa vie sur la croix en vue du salut du monde.

A la suite de Jésus, même sans évoquer explicitement le titre « Agneau de Dieu », les Apôtres ont enseigné sous plusieurs formes que le salut est donné aux hommes de tout temps et de tous les lieux par l’unique sacrifice du Christ. C’est Saint Jean qu’il l’exprime mieux lorsqu’il affirme que Dieu « nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jn 4, 10). En mourant pour nous qui sommes pécheurs (Rm 5, 6), Jésus nous révèle qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15,3).

L’Agneau de Dieu, expression de la miséricorde divine

Le titre « Agneau de Dieu » sous lequel nous invoquons Jésus Christ nous rappelle la miséricorde infinie de Dieu et nous invite à accueillir le salut que Dieu nous donne en son Fils mort et ressuscité.

Toutes les fois où notre liturgie eucharistique utilise le titre « Agneau de Dieu », elle le met en lien avec les péchés du monde et avec la prière de demande de pardon. Ce qui nous montre, d’une part l’attitude juste que nous sommes appelés à avoir lorsque nous célébrons la messe et nous nous approchons de l’Eucharistie, et de l’autre, l’indication d’un chemin spirituel qui nous amène à la vraie joie du salut.

Après que le prêtre ait dit : « Voici l’Agneau de Dieu, heureux les invités au repas des noces de l’Agneau », nous disons ensemble et chacun pour son compte : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole et je serai guéri ». Lorsque nous regardons le grand amour de Dieu et son infinie miséricorde à notre faveur, l’attitude la plus juste et convenable de notre part est celle de reconnaître humblement nos péchés. Et, c’est parce que nous aurons reconnu notre indignité devant lui, que nous pouvons le supplier avec insistance pour le pardon de nos fautes.

C’est en étant totalement imprégnés de l’amour miséricordieux de Dieu que nous pouvons nous unir à lui en mangeant le corps et le sang de son Fils. Ainsi, nous aurons la joie que Dieu vienne demeurer en nous. Alors nous pouvons vivre notre vie à la suite de Jésus Christ en aimant nos frères et sœurs, en nous mettant à leur service et en leur pardonnant de tout notre cœur en suivant son exemple.

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Lorsque nous entendons Saint Jean-Baptiste nous redire aujourd’hui : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde », nous comprenons que, c’est par le sacrifice offert une fois pour toutes sur la croix de Jésus Christ que nous sommes sauvés de nos péchés et de la mort. Alors, chaque fois que nous invoquons notre Seigneur Jésus Christ avec ce titre, ayons l’humilité de reconnaître nos péchés et demandons-lui la grâce de nous réhabiliter dans notre dignité de fils et filles de Dieu et de frères et sœurs entre nous.

Abbé Étienne Kaobo Sumaidi
Gembloux, le 13/01/2023