3e dimanche de Pâques B – 18 avril 2021

Ac 3,13-15.17-19 ; 1 Jn 2,1-5a ; Lc 24,35-48.

« Il ouvrit leur intelligence à la compréhension des écritures » ( Lc  24,45).

Chers frères et sœurs,

Si l’Évangile  de ce dimanche nous raconte avec tant de détails ce récit des disciples d’Emmaüs, c’est sans doute pour nous inviter à nous projeter dans le désespoir de ces deux disciples.

Après la mort de Jésus, ses disciples avaient un sentiment que leur vie n’avait plus de sens ; tout espoir était perdu. Leur aventure avec Jésus s’est arrêtée au sommet du mont Golgotha. Deux d’entre eux ont décidé de quitter Jérusalem pour rentrer à Emmaüs. Ils marchaient sur la route tout triste ; complètement déçus par la mort de Jésus ; car rien ne justifiait sa mort ; lui qui était pourtant si puissant par ses actes et ses paroles. C’est tellement injuste de la part des autorités juives de le faire mourir ; d’autant plus qu’elles auraient dû pouvoir interpréter les écritures, mais ils étaient aveuglés. « Vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs ». Il y a une différence entre attendre le Messie et reconnaître qu’il est là ! Comment les « autorités » juives    (l’institution, les grands prêtres) auraient-elles pu y croire? Ce n’était pas possible. C’est pour cela que Jésus devait mourir et ressusciter pour provoquer un choc qui change les cœurs.

Non seulement que la mort de Jésus était injuste comme Pierre l’a dénoncée dans les Actes des apôtres : « vous avez renié le saint et le juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier » (Ac 3,14) , mais en plus elle a déçu les attentes de ses disciples : « Et nous qui espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël » (Lc 24,21).

Curieusement, un compagnon les rejoint sur leur chemin. Il ne s’impose pas, il leur laisse le temps d’exprimer leur déception et aussi leur stupéfaction suite aux dires de « quelques femmes comme quoi Jésus serait vivant ». C’est alors que Jésus leur parla : « Esprit sans intelligence. Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit. Ne fallait-il pas que le Christ souffrît sa passion pour entrer dans sa gloire ? » ( Lc 24,46). Ces paroles de Jésus à la fois touchent le cœur de ces disciples et change leur regard. Mais ils ne le reconnaissent pas encore parce que le chagrin, l’angoisse et la tristesse avaient fermé leurs yeux.    Au moment d’entrer dans l’auberge, les disciples demandent à Jésus : « reste avec nous car il se fait tard » (Lc 24 ,29).

Finalement, après leur avoir parlé et partagé le pain qu’ils l’ont reconnu : « il ouvrit leur intelligence à la compréhension des écritures ». Nous avons besoin des enseignements en ces jours qui nous rappel de vivre le commandement d’amour et du pardon  pour garder notre intelligence ouverte aux mystères de l’écriture.

Frères et sœurs, les disciples d’Emmaüs, c’est nous bien entendu, nous qui pouvons aussi avoir des attentes totalement déçues, ou des crises intérieures conséquentes à des injustices de tous ordres. Nous qui sommes tristes pour de multiples raisons.

Par ce récit, le Christ nous rassure de sa présence, il est là, notre compagnon de route. Il ne vient pas pour nous éviter les souffrances qui jalonnent plus ou moins toute notre vie, mais il entend simplement partager ce que nous vivons et faire entrer dans les divers événements de notre vie, la puissance de son Espérance et de sa Résurrection.

En ce temps de crise, où nous n’entendons parler que des morts, des dépressions, d’échecs, nous cherchons la présence du Christ ; et pourtant il est là, il marche avec nous pour réchauffer nos cœurs, les rendre brûlants. Il nous parle et en particulier par les écritures. Mais comment le reconnaître ? Car souvent la tristesse, l’angoisse nous empêchent de reconnaître que nous ne sommes pas seuls. seuls.                                Invitons le Christ dans notre vie, il nous ouvrira les yeux de la foi pour le reconnaître dans la parole de l’Évangile et dans le partage avec le pauvre, avec celui qui souffre et le prisonnier.

En retournant aujourd’hui à notre Jérusalem (nos maisons, nos lieu des rencontres et du travail), soyons des témoins de la Résurrection du Christ lui qui est « notre défenseur devant le père » (1 Jn 2,1). Amen

Abbé Hugues MBATIZOMA