2e dimanche de carême B – 28 février 2021

Par sa Transfiguration, le Christ nous prépare à la Croix

Frères et sœurs, nous entrons aujourd’hui dans la seconde semaine de Carême.  Mais toute notre vie n’est-elle pas une préparation à notre propre Pâques, à la Croix qui nous attend et à la résurrection ?

Aujourd’hui, Jésus prend Pierre, Jacques et Jean sur la montagne. Les trois mêmes disciples qu’il prendra avec lui au mont des Oliviers avant son arrestation.  Il vient de leur annoncer qu’il devra souffrir et mourir mais Pierre refuse encore de l’admettre. Les apôtres n’ont pas encore compris que la gloire de Dieu, c’est la Croix.  Pâques passe par la Croix.  Comme notre vie à chacun passe par la maladie, la souffrance et la mort.  Alors devant eux, il va leur révéler qui il est vraiment pour leur donner les vivres dont leur foi a besoin pour affronter la Passion.

Et sur la montagne, que voient-ils ?  Que la loi et les prophètes parlent avec Jésus, qu’ils parlent de Jésus, du Verbe de Dieu éblouissant de clarté !

Les apôtres sont saisis par la crainte de Dieu, ce moment où l’on réalise notre misère humaine, ils sont effrayés.  Alors Pierre propose de dresser trois tentes : c’est-à-dire d’ajouter Jésus au panthéon des prophètes, à côté de Moïse et d’Élie.

C’est à ce moment que la présence divine se manifeste directement, comme autrefois elle s’était manifestée à Abraham. C’est un événement rarissime.  Dans l’Évangile de Marc, la voix de Dieu le Père ne se fait entendre que deux fois : au moment du Baptême de Jésus, qui marque le début de sa vie publique et au moment de la Transfiguration, qui annonce sa passion.  Et cette voix dit : « écoutez-le ! ».

La présence de Moïse évoque la loi dictée par Dieu sur le Sinaï, cette loi qui a gardé le peuple d’Israël en vie à travers les épreuves. Saint Augustin commente en disant que nous avons une seule demeure : le Christ ; lui, « est la Parole de Dieu, Parole de Dieu dans la Loi, Parole de Dieu dans les Prophètes ». En venant planter sa tente parmi nous, Jésus se manifeste comme incarnant la nouvelle Torah. Désormais, la loi qui donne vie et qui sauve son peuple est une personne et cette personne c’est le Christ, le nouveau Moïse.  Saint Maxime le Confesseur affirme que « les vêtements devenus blancs portaient le symbole des paroles de l’Écriture Sainte, qui devenaient claires et transparentes et lumineuses ».

Frères et sœurs, je vous invite à prêter attention à la préface de ce dimanche : « Après avoir prédit sa mort à ses disciples, il les mena sur la montagne sainte ; en présence de Moïse et du prophète Élie, il leur a manifesté sa splendeur : Il nous révélait ainsi que sa passion le conduirait à la gloire de la résurrection ».

En se montrant à eux tel qu’il est vraiment, Jésus préparait Pierre, Jacques et Jean à affronter le scandale de la Croix, comme le chante un hymne ancien de la liturgie byzantine : « Tu t’es transfiguré sur la montagne, et, autant qu’ils en étaient capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que lorsqu’ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu’ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père ».

Depuis lors, chaque dimanche, le Christ nous appelle à le suivre jusqu’à cet autel qui représente à la fois la pierre levée du sacrifice d’Isaac, la montagne de la Transfiguration, le mont des Oliviers, le Golgotha et la pierre du tombeau d’où il sortira vainqueur le matin de Pâques.

Car chaque messe est une transfiguration qui nous donne les vivres pour la route.  C’est parce que le Seigneur veut donner à chacun de nous la force de le suivre jusqu’au bout, jusqu’à la Croix, sans que notre foi ne défaille, que chaque dimanche il se manifeste dans sa gloire, autant que nous sommes capables de la contempler, et qu’il nous nourrit de sa parole éblouissante de clarté et de son corps déjà ressuscité.  Frères et sœurs, rendons-lui grâce de nous donner déjà, en cette vie, d’avoir part aux biens de son royaume.

Diacre Olivier Collard

Illustration : La Transfiguration (1518), dernier tableau de Raphaël.