Le denier cri de Jésus sur la croix
Dans le récit de la passion de Jésus que nous lisons ce dimanche, nous entendons Jésus crier. Il crie en s’adressant à Dieu au moment de mourir. Il ne s’agit pas d’un cri de désespoir mais d’une expression sincère de sa foi au Père et de son espérance en la Providence divine. C’est un exemple qui est donné aux hommes confrontés à la souffrance.
- Cri de douleur et de foi
Sur la croix, avant de mourir, Jésus dit: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ». En réalité, Jésus reprend la première phrase du psaume 21. Si nous lisons ce psaume dans son ensemble, nous découvrirons qu’il exprime effectivement la douleur et la souffrance ressenties par Jésus. Mais aussi la foi d’un homme qui s’abandonne totalement à Dieu, car son salut dépend de Dieu seul.
Ça veut dire que ce psaume, qui commence par un cri de douleur, se termine par un cri d’espérance et de confiance. C’est ce qu’expriment ces phrases à la fin du psaume : « mais toi, Seigneur, ne sois pas loin », « viens vite à mon aide » et « tu m’as répondu ».
Nous retiendrons qu’en reprenant ce psaume, Jésus s’inscrit dans la tradition du peuple juif qui a toujours prié avec ce psaume pour exprimer ses émotions réelles et profondes et pour redire l’espérance du salut que seul Dieu peut donner.
2.Le dernier cri de Jésus sur la croix
Lorsque Jésus reprend ce psaume sur la croix, il exprime d’abord sa douleur, sa peur, son angoisse et sa solitude devant la souffrance et la mort. Il exprime ensuite sa foi totale à son Père dont il sait qu’il est toujours avec lui et qu’il aime.
Nous pouvons même mettre ce cri de souffrance et confiance en lien avec cette autre prière de Jésus lorsqu’il était au jardin de Gesthémani avant son arrestation. Il demandait à son Père s’il peut éloigner de lui la coupe de la souffrance. Mais, il a tout de suite ajouté : « mais, non pas ce que je veux mais ce que toi, tu veux ». Or la volonté de Dieu n’est jamais la mort ni la souffrance de l’homme, mais la vie et le bien de l’homme dans toutes ses dimensions.
En réalité, loin d’être un cri de désespoir, cette prière de Jésus avant de mourir est l’expression d’une confiance sincère de Jésus envers son Père.
3.Prions, nous aussi, avec toutes nos émotions
Il s’agit là d’un exemple que Jésus nous donne pour que, nous aussi à notre tour, nous puissions prier avec toutes les émotions qui nous habitent et en faisant à Dieu une confiance totale.
Ce que nous apprend Jésus ressemble un peu à ce que les psychologues demandent aux personnes traumatisées. Ils les invitent à mettre des mots sur les drames qu’elles vivent et sur ce qu’elles ressentent. Ainsi, en criant sur la croix, Jésus nous apprend à prier avec sincérité. A dire à Dieu notre douleur, nos peurs, nos angoisses, nos colères et notre déception. Et en même temps, à nous abandonner totalement dans les mains de sa divine Providence.
C’est pourquoi, chaque fois que nous prions et spécialement durant cette semaine sainte que nous entamons, gardons en mémoire ce cri de Jésus afin qu’il nous inspire sur la sincérité et la profondeur des prières que nous adressons à Dieu sur notre situation personnelle ou quand nous confions à Dieu les soucis de nos frères et sœurs.
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En méditant la passions de Jésus Christ et face à nos propres souffrances, demandons à Dieu la grâce de savoir mettre des mots sur notre douleur et de lui faire confiance. Ainsi, nous imiterons l’exemple de Jésus. Et, Dieu son Père et notre Père nous manifestera, comme à Jésus, l’abondance de son amour et la puissance infinie de sa Providence.
Abbé Étienne Kaobo Sumaidi
Gembloux, le 27 mars 2021