Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (31)

Mardi 21 avril. On ajoute une cloche à la combinaison d’hier et on observe que le rendu devient tout différent, plus joyeux : 1-2-3-5 ou ré-mi-fa#-si.

Des bâtiments de l’ancienne abbaye, c’est l’église qui a subi les plus profondes modifications depuis sa construction, à commencer par son volume.

Au départ, elle était plus courte. Il s’agissait d’une croix grecque, c’est-à-dire une croix dont les quatre bras avaient une longueur identique. A leur croisement figurent quatre chapelles d’angle qui s’élèvent jusqu’à mi-hauteur de l’ensemble.

Ce plan changea lorsqu’on prolongea, probablement au début du XIXe siècle, le bras occidental de l’église au moyen d’une nef basse, d’une hauteur comparable à celle des chapelles. Enfin, de 1885 à 1886, on augmenta cette hauteur pour arriver à celle du reste de la croix grecque.

Si les modifications sont presque indécelables de l’intérieur, elles sont bien visibles à l’extérieur : les cordons de pierre figurant au milieu des murs montrent le bord initial de l’édifice, la couleur des briques change à mi-hauteur et on peut observer des fenêtres en plein cintre murées qui servaient jadis à éclairer la nef basse. Dans le mur sud se trouve aussi une couture due au placement d’une cheminée.

Il existe une seule photo qui nous montre l’église avec la nef basse. Quelques dessins et peintures l’évoquent aussi. La photo a été prise vers 1880. On y voit également le beffroi tel qu’il était à ce moment-là.

Illustrations : photo issue de François Toussaint, L’abbaye de Gembloux, édition Douxfils, 1882 ; photos montrant les traces de modifications sur les murs de l’église – article Manu Delsaute

Le Pape François prie pour que le silence de cette période nous apprenne à écouter

En introduction de la messe de ce mardi de la deuxième semaine du Temps Pascal, le Saint-Père a formulé la prière suivante:

«En ce moment, il y a beaucoup de silence. On peut aussi écouter le silence. Que ce silence, qui est un peu nouveau dans nos habitudes, nous apprenne à écouter, nous fasse grandir dans notre capacité d’écoute. Prions pour cela».

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Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (30)

Lundi 20 avril. Complétons la sonnerie d’hier en ajoutant une basse : 1-2-5 ou ré-mi-si. Il y a deux choses dans cette combinaison : le caractère un peu austère des deux premières cloches séparées d’un ton et la légèreté apportée par le si. Cette combinaison est utilisée le 2 novembre pour se souvenir des défunts de l’année. Elle allie à dessein la tristesse du deuil et l’apaisement auquel on aspire.

Le remplacement des cloches après la guerre.

Suite à l’enlèvement de la plupart des cloches de Belgique durant la Seconde Guerre mondiale, les fonderies ont tourné à plein régime dès la fin des hostilités pour repeupler nos clochers. Rares furent les cloches récupérées. Les dommages de guerre interviendront.

C’est en 1954 que sont livrées les nouvelles cloches à destination du beffroi : Marie, Joseph et Guibert, mais aussi un nouveau bourdon en remplacement de celui légué par Gustave Docq.

Les trois premières font l’objet d’une bénédiction à l’église le 9 mai. Ce jour-là, c’est la grande affluence. Pour l’occasion, les cloches sont présentées sur des trépieds et garnies de rubans et de fleurs. Un faire-part est édité. La bénédiction des cloches suit un rite précis au cours duquel on les fait sonner en tirant leur battant au moyen d’une corde. Même s’il ne s’agit pas d’un baptême, on a coutume de désigner des parrains et marraines.

Voici quelques photos. Certains pourraient s’y retrouver ou reconnaître l’une ou l’autre personne.

Illustrations : Fonds Lucien Hoc du Cercle royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux et archives de la Fabrique d’église Saint-Guibert – article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (29)

Dimanche 19 avril. Sonnerie de deux cloches, intervalle de quinte, 2-5 ou mi-si.

Passons le porche d’entrée de l’ancienne abbaye et entrons dans la cour d’honneur. Nous nous retrouvons face au palais abbatial.

L’architecture néo-classique se dévoile sous nos yeux. Pas d’artifices, tout est dans l’équilibre, la symétrie, le rythme des droites. Seules quelques courbes viennent briser ce qui sans cela pourrait paraître monotone. Le péristyle s’impose avec ses quatre colonnes et son fronton triangulaire.

Bien-sûr, les choses ont évolué depuis que les moines ont quitté les lieux.

Derrière les murs qui délimitent la cour ont été adjoints une série de. Certaines dépendances qui recevaient jadis carrosses et chevaux ont été rehaussées, ce qui nécessita de condamner les fenêtres sur les bâtiments qui font retour du palais vers la cour.

Durant de longues années, la cour était arborée, jusqu’à ce qu’on la réaménage à l’occasion du 100e anniversaire de l’Institut agronomique en 1960. C’est de ces travaux que provient la vasque avec le jet d’eau.

Illustrations : Cartes postales anciennes et extrait d’une vue aérienne formant couverture intérieure du livre La Faculté de Gembloux dans l’ancienne abbaye bénédictine, dessins d’André Mohimont, presses agronomiques, 2005 – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (28)

Samedi 18 avril. Une sonnerie très joyeuse de quatre cloches : 2-4-5-6 ou mi-la-si-do#. Elle convient très bien pour un mariage.

La dernière reconstruction de l’abbaye.

Au XVIIIe siècle, on entreprend de rebâtir entièrement l’abbaye. Le nouveau monastère sera reconstruit plus à l’est, en partie en dehors des remparts qui ne servent plus. Ce sont ces bâtiments que nous connaissons encore aujourd’hui, occupés par l’Université de Liège.

Les travaux débutèrent par la conciergerie qui fut terminée en 1759. La ferme suivit en 1762, moment à partir duquel l’architecte Laurent-Benoît Dewez prend les commandes sous la direction de l’abbé Legrain. Palais abbatial et quartier des moines suivront, pour terminer par l’église dont les moines prirent possession en 1779.

Le plan retenu est lié à la réalité du XVIIIe siècle. Il comprend trois grandes affectations. L’abbé est comte. Il doit pouvoir recevoir dans son palais, qui aura une place centrale et sera précédé d’une cour d’honneur. Pas question pour les visiteurs de passer par la basse-cour. Le ferme est donc séparée. Les moines doivent quant à eux profiter de la quiétude d’un endroit reculé. Il existe bien entendu une communication entre ces trois parties. L’abbé conserve la vue sur les activités.

Illustrations : Plan dressé en 1976 par Bernard Jeunejean ; Photo de la conciergerie s’appuyant sur les remparts fin des années 1990 ; Carte postale dessinée par André Mohimont – article Manu Delsaute. 

En première ligne : témoignage d’un aumônier d’hôpital

On les appelle « nos héros ». Chaque soir à 20h, la population les applaudit. Il s’agit bien de sûr de tous ceux qui sont en première ligne dans cette période de pandémie. Médecins, infirmières, soignants, personnel d’entretien, aumôniers, facteurs, éboueurs. Cathobel et Dimanche les ont interrogés sur leur vécu. Vous trouverez ces rencontres, parfois prenantes, sur notre site. Aujourd’hui: François Hosteau, prêtre  et aumônier au CHU Mont-Godinne.

 

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Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (27)

Vendredi 17 avril. Même accord qu’hier, mais un ton plus haut : 2-5-6 ou mi-si-do#. Soit quinte et sixte.

La nature et ses droits…

Suite au confinement, la nature change en divers endroits, avec des conséquences parfois spectaculaires. Diminution de la pollution, transparence des eaux sur lesquelles on ne circule plus… A Gembloux, on a même aperçu des chevreuils en pleine rue non loin de la gare…

D’aucuns disent que la nature reprend ses droits. En termes de Droit et de nature, la chronique judiciaire nous apprend qu’à Gembloux, un certain Clément Deprez fut condamné à une amende de 7 florins pour avoir, le 10 août 1766, pêché des écrevisses dans l’Orneau.

Dans l’attente de l’éventuel retour des écrevisses, nous savons déjà qu’on ne badinait pas avec les droits seigneuriaux, d’autant que les faits avaient été commis en plongeant « déshabillé et troussé jusqu’à my ventre dans la rivière… tel excès n’est tolérable en aucun lieu de police ».

Que tout cela ne nous fasse pas tourner la tête, même à la vue de ce panorama… à l’envers !

Illustration : Carte postale du début du XXe siècle. L’abbaye et le beffroi, inversés. Collection privée – article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (26)

Jeudi 16 avril. Essai au départ de la sonnerie d’hier : 3 cloches mais on descend la plus grave qui s’isolera des deux autres : 1-4-5 ou ré-la-si. Quinte et sixte.

Le beffroi comme nous ne l’avons jamais vu !

Nous savons que le beffroi n’a pas toujours eu le même aspect. Nous connaissons par des documents quelques physionomies qu’il a eues au cours de l’histoire. Mais ce que nous ne savons généralement pas, c’est à quoi il aurait pu ressembler.

Après l’incendie de 1905, il ne fut pas simple de faire un choix. Une pétition de riverains demandait d’ailleurs de ne pas reconstruire une flèche aussi haute. Il fut même envisagé de lui préférer une terrasse.

Le Conseil communal avait imaginé de lancer un concours pour recevoir des projets, mais il ne put concrétiser l’idée, ce qui provoqua des débats. Il optera finalement pour le modèle au bulbe caractéristique que nous connaissons encore aujourd’hui, mais les archives contiennent quelques autres propositions.

Elles vont de la reproduction à l’identique de la flèche incendiée jusque d’autres concepts, en différentes hauteurs. Les goûts et les couleurs…

Illustrations : Projets de flèches, archives communales de Gembloux – article Manu Delsaute

Communiqué des évêques de Belgique après le Conseil National de Sécurité

Les Évêques belges prennent note de la décision du Conseil National de Sécurité du 15 avril 2020 de prolonger jusqu’au 3 mai 2020, les mesures d’endiguement du coronavirus. Ils remercient le Gouvernement fédéral, les Gouvernements régionaux et les différentes équipes d’experts, pour la bonne gestion de la crise du coronavirus.
La décision du 15 avril 2020 notifie que toutes les mesures prises par les autorités civiles et religieuses concernant les célébrations religieuses ou activités ecclésiales sont maintenues jusqu’au 3 mai 2020. Dès modification des mesures générales par un prochain Conseil National de Sécurité, le Conseil permanent de la Conférence des Évêques examinera avec les autorités civiles comment l’Église peut modifier ses mesures, en quels lieux et dans quelles conditions. Une nouvelle communication sur ce sujet suivra alors dès que possible. Continuer la lecture

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (25)

Mercredi 15 avril. Les cloches 2, 4 et 5 sonneront, soit mi-la-si ou quarte et quinte. Ce motif est utilisé pour annoncer la messe du dimanche soir.

Mais au fait, c’est quoi, un beffroi ?

Quand une parle de beffroi, on identifie souvent une tour contenant des cloches et éventuellement une horloge. L’édifice peut être indépendant ou adjoint à un autre bâtiment.
La notion première de beffroi ne concerne en fait pas l’édifice, mais son contenu. Le beffroi, c’est la charpente qui reçoit les cloches. On l’appelle aussi bâti. Il se peut que le beffroi ne soit abrité par aucun édifice. C’est donc par extension que le contenant a fini par prendre le nom de ce qu’il contient.

Les beffrois sont parfois en eux-mêmes des chefs d’œuvres patrimoniaux, fruits du travail des artisans. D’imposantes structures en bois prenant corps parfois dès les niveaux les plus bas des tours et s’élevant à l’intérieur pour recevoir les cloches en hauteur. Ces structures sont dessinées pour absorber une bonne partie des vibrations créées par la mise en branle des cloches pour éviter de les transmettre aux murs. Ceux-ci pourraient ne pas résister.

A Gembloux, l’incendie de 1905 fut fatal à l’ancienne structure. En 1907, les cinq cloches furent installées dans deux beffrois en bois, le premier recevait le bourdon et les 2 plus grosses cloches au dernier niveau de la tour. Le second, placé au pied de la flèche, accueillait les deux plus petites cloches, Guibert et Benoît.

Après-guerre, les cloches furent toutes suspendues dans des structures métalliques, y compris les jougs. Au pied de la flèche, le beffroi en bois fut conservé, vide. Il n’attendait qu’à retrouver de nouvelles cloches et c’est en 2013 qu’on y plaça Romane et Benjamine.

Il y a un an aujourd’hui, Notre-Dame de Paris était la proie des flammes. Son bourdon de 13 tonnes est suspendu dans un magnifique beffroi de bois qui fut épargné.

Illustrations : Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 1751-1772, extrait repris dans Jean-Pierre Rama, Cloches de France et d’ailleurs, Pierre Zech Éditeur, Paris, 1993. La grosse cloche dans le beffroi métallique et la cloche Guibert avec, devant elle, l’ancien beffroi en bois, encore vide en 2010 : Vincent Dusseigne. Romane et Benjamine placée dans l’ancien beffroi en bois : collection privée – article : Manu Delsaute