Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (5)

Pour ce jeudi 26 mars, faisons quelques allers-retours dans l’histoire. Après avoir entendu, hier, la plus ancienne de nos cloches, nous écouterons aujourd’hui une des plus récentes : Romane, cloche n° 5, dont la tonalité est si, pour un poids estimé à 420 kg et un diamètre de 87 cm.

En 2012, la Ville décida de faire fabriquer de nouvelles cloches pour étendre la sonnerie et le carillon. C’est au fondeur strasbourgeois André Voegelé que le travail fut confié. Romane fait suite à une coulée en public à Gembloux du 22 au 24 juin à l’occasion de laquelle furent également fondues des petites cloches commandées par des particuliers. Après un repassage nécessaire en fonderie pour obtenir le bon ton et une finition, elle revint à Gembloux à l’occasion du Tour Saint-Guibert, le 22 septembre.

Cette cloche se réfère par son nom aux origines romanes de la tour qui l’accueille, faisant allusion à son ancrage lointain dans l’histoire et à la persistance à travers le temps, malgré les destructions et reconstructions.

Les frises décoratives sont faites d’épis de blé en référence au thème de l’agriculture qui fait aujourd’hui la renommée de Gembloux. La mention « Ville de Gembloux » et le blason garnissent la cloche qui comporte aussi une particularité : un texte muni d’un chronogramme destiné à la dater. Il comporte des petites lettres et des grandes lettres. Ces dernières correspondent à des chiffres ou nombres romains dont l’addition donne l’année de coulée :

Mon nom est romane
écoutez-moi Chanter La liberté au rythme du Cœur de gembloux.
à tous présents et à venir j’annonce Les joIes et Les peines
je porte les messages l’espérance le Courage et la foi Dans l’avenIr

Comment ça, le compte n’y est pas ? Vous avez raison, il manque 10 ans ! Le x devait être en grand. Il manque également une partie de la ponctuation. L’artisanat n’est pas une science exacte, il est humain, donc imparfait 😉

Quoi qu’il en soit, cette cloche fait admirablement la synthèse du Gembloux d’hier et d’aujourd’hui qui se projette dans l’avenir.

Photos : la cloche sur un char du Tour Saint-Guibert le 22/09/2012 : Pierre Aubry – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (4)

Ce mercredi 25 mars, sonnerie toute symbolique. Nous entendons la voix de la doyenne de nos cloches, datant d’une époque où les sonneries avaient encore un rôle de premier plan dans la vie quotidienne pour transmettre les informations à la population. On était alors habitué à reconnaître les différentes sonneries et on comprenait leur message.

La cloche 4, appelée Benoît, date de 1906. Elle fait référence à l’ancienne abbaye bénédictine et elle sonne le la. Elle a un diamètre de 92 cm et pèse environ 500 kg. C’est la fonderie Causard-Slégers, de Tellin, qui l’a fournie. Elle est située au-dessus de la seconde cloche, au pied de la toiture côté CPAS.

La particularité de cette cloche est qu’elle a participé à annoncer des événements très marquants de la vie gembloutoise. Des moments graves comme les entrées en guerre ou des incendies, mais aussi des réjouissances comme la libération.

A cette époque, on sonnait encore à la main, à l’aide de cordes.

De 1943 à 1954, cette cloche resta seule en service au beffroi.

Elle possède plusieurs frises décoratives, porte l’inscription « Ville de Gembloux », la date 1906 et les armoiries : les trois clés et la couronne comtale. Elle reçut pour parrain M. Guibert Gérard et pour Marraine Mme Valentine Damseaux. Des noms très… gembloutois !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos : Vincent Dusseigne (ca 2011).- article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (3)

Ce mardi 24 mars, nous terminons la présentation des cloches placées en 1954 avec la cloche n° 3, un fa# de 871 kg. Elle sonnera seule. Comme les deux plus grosses cloches, elle provient de la fonderie Michiels de Tournai.

Elle fut coulée en 1952 et présente un diamètre de 110 cm. Sa décoration, qui reste sobre, diffère de celle de ses deux sœurs. Elle est située au-dessus de la grosse cloche, au pied de la flèche, côté place de l’Hôtel de Ville.

La paroisse l’appela Guibert et lui donna pour parrain M. Albert Dispa (rien à voir avec notre Bourgmestre 😉) et pour marraine Madame Jules Duculot.

Cette cloche sonne quotidiennement les volées de l’angélus (peu après 8h45, 12h15 et 19h15), sauf le dimanche matin où il n’y a pas d’angélus (on dort) et le dimanche midi où c’est la 2e cloche qui sonne. Nous l’entendrons durant cinq minutes ce soir. Elle boîte un peu et patine au démarrage, mais on ne lui en veut pas, on s’en occupera 😊

Mais au fait, qui est Guibert ?

Au Xe siècle, un chevalier nommé Wicbertus décide de déposer les armes pour entrer en religion et fonder une abbaye. Il la bâtira à l’emplacement de sa villa (c’est-à-dire une grosse ferme) située à la pointe d’un éperon rocheux. Ce lieu, c’est le centre ancien de Gembloux. C’est autour des premiers bâtiments de l’abbaye, situés à proximité de notre beffroi, que se développera la ville.

Wicbertus sera canonisé saint Guibert en 1110. C’est le patron de la cité.

Photo dans le beffroi : Vincent Dusseigne (ca 2011). Photo ancienne : fonds Lucien Hoc du Cercle Royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux. Le Doyen Mouthuy à l’arrivée des cloches en vue de leur bénédiction. 1954 – texte Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (2)

Pour ce lundi 23 mars, nous poursuivons avec la présentation d’une cloche, la seconde. Elle est située à l’opposé du bourdon, donc juste derrière les abat-sons sous le cadran de l’horloge côté CPAS.

C’est une des sœurs de la grosse cloche : elle a été placée au beffroi en 1954 et provient de la fonderie Michiels, de tournai. Point de vue musical, c’est un mi, soit un ton au-dessus de la grosse cloche. Elle pèse 1.215 kg pour un diamètre de 124 cm.

La paroisse l’a dédiée à saint Joseph et l’a donc appelée Joseph. Son parrain : Maurice Piérard, sa marraine : Mme José Descampe. Cette cloche sonne seule pour la volée de l’angélus le dimanche peu après 12h15.

Pourquoi les cloches du beffroi sonnent-elles aussi pour la paroisse ? C’est une belle particularité de l’histoire de Gembloux qui est liée à celle de son abbaye.

Il y avait deux églises principales à Gembloux : l’église abbatiale destinée aux moines de l’abbaye et l’église paroissiale Saint-Sauveur.

Suite à la Révolution française, en 1796, les biens de l’Eglise ont été confisqués par l’Etat. Ce fut donc le cas des deux églises. L’église abbatiale fut directement dépourvue de ses cloches puis l’abbaye fut revendue. Les moines ne revinrent jamais.

Après la période révolutionnaire, les biens de l’Eglise qui avaient été confisqués mais que l’Etat avaient conservés devaient être remis à disposition du culte.

La Commune avait gardé l’église Saint-Sauveur mais celle-ci menaçait ruine et il fallait prévoir d’importants frais pour la remettre en état. A quelques dizaines de mètres de là, l’ancienne église abbatiale, toujours en place, était inutilisée. On y installa donc la paroisse et démolit l’église Saint-Sauveur, sauf la tour.

C’est comme ça qu’en 1810, l’ancienne église des moines devint l’église paroissiale, dédiée à saint Guibert. Celle-ci n’ayant plus de cloches, on continua à sonner les cloches de la tour de Saint-Sauveur, aujourd’hui appelée beffroi. La venelle Saint-Sauveur qui le jouxte est là pour nous le rappeler 😊

Photo dans le beffroi : Vincent Dusseigne (ca 2011). Photo ancienne : fonds Lucien Hoc du Cercle Royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux. La cloche dans l’entrée de l’église en vue de sa bénédiction. – texte Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant

Ce dimanche 22 mars, petit focus sur la grosse cloche qui sonnera donc seule. Elle pèse 1.805 kg et a un diamètre de 1,41 m. Son ton est ré. Elle provient de la fonderie Michiels, de Tournai, et a été placée dans le beffroi en 1954.

Elle comporte très peu de décorations et d’inscriptions, essentiellement quelques frises, le nom du fondeur et la date de coulée, 1952. Continuer la lecture