Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (17)

Mardi 7 avril. Deux cloches au programme de ce soir : Joseph et Benoît, soit une quarte mi-la.

Cette semaine sainte qui se terminera par Pâques est l’occasion de revenir sur le lien historique de la Ville avec l’abbaye, des rapports entre le civil, temporel, et le spirituel qui sont encore illustrés de nos jours par les cloches dont la Ville partage l’usage avec la paroisse.

A Gembloux, qui détient historiquement le pouvoir et comment est organisée la vie locale ?

Dès sa fondation, l’abbaye de Gembloux s’est vue doter d’importantes propriétés et reconnaître de nombreux privilèges, notamment par ce qu’on appelle la charte d’Otton. Les moines prirent soin de faire confirmer à plusieurs reprises ce diplôme aux origines controversées tant il était profitable à Gembloux en termes d’autonomie et d’exemption de taxes.

C’est donc l’abbé, seigneur de la Terre de Gembloux, qui détient le pouvoir. La charte lui octroie des prérogatives que seuls les comtes possèdent, et même davantage. Il siège d’ailleurs comme premier noble aux états de Brabant, sorte de parlement, et non parmi les membres du clergé. Au XVIe siècle, les choses sont reconnues et la Terre de Gembloux est érigée en Comté. L’abbé est abbé-comte.

Voici qui nous en dit plus sur quatre noms de rue…

L’abbé exerce la justice à travers des échevins et un maïeur, ce dernier devant veiller aux poursuites et à l’exécution des peines. Le maïeur, ou bailli, est aussi chargé de l’administration générale du domaine. Un bourguemaître est préposé à l’entretien des routes et au maintien de la propreté et de la sécurité. Tout ce petit monde est désigné par l’abbé et révocable par lui à tout instant.

Une forme de consultation de la population est organisée sur certaines grandes questions, l’exploitation du domaine procure de l’emploi, les plus nécessiteux sont épaulés, notamment par la table des pauvres.

Les privilèges et le mode de fonctionnement semblaient convenir à la plupart. Ceci explique probablement pourquoi nulle opposition digne de ce nom ne se soit organisée pour contester les choses. A l’arrivée des révolutionnaires français, ceux-ci furent d’ailleurs plutôt repoussés jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’imposer et implanter les bases du fonctionnement local que nous connaissons encore aujourd’hui.

Il n’est donc guère étonnant qu’à Gembloux les mêmes cloches servaient au culte et aux besoins civils.

Illustration : La construction de l’abbaye, dessin commandé par l’abbé Antoine Papin, XVIe s., dans La Geste des abbés de Gembloux, par Jean-Paul Straus, éditée par le Cercle royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux, 2012, p. 29 – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (16)

Lundi 6 avril. Sonnerie des quatre plus grosses cloches pour ce soir. Ré-mi-fa#-la, les plus anciennes du beffroi. Petit exercice préparatoire vers ce qui nous attend plus tard cette semaine avec Pâques.

Les cloches, instruments du pouvoir.

 

Si les cloches suscitent la convoitise pour leur métal, elles l’ont fait aussi à titre de symbole du pouvoir.
En effet, historiquement, les messages étaient passés à la population au moyen des cloches. Le droit de les sonner appartenait à l’autorité.

Associées à l’horloge, elles indiquaient l’heure et rythmaient donc la journée de travail. Pas question d’horloge personnelle. Il existait une horloge de ville qui donnait l’heure pour tous, à de rares exceptions près. Les cloches annonçaient aussi la fermeture des portes, les réjouissances, le couvre-feu, les dangers… On leur obéissait. Leur rôle utilitaire était indéniable.

Elles ont donc eu un rôle social, sociétal, que les moyens de communication modernes ont progressivement fait évoluer. L’autorité use maintenant d’autres canaux pour faire connaître ses décisions et gérer le quotidien de la collectivité.

A côté du pouvoir civil de l’époque existait aussi l’Église qui appelait ses fidèles au son des cloches et exerçait aussi un pouvoir, qui pouvait d’ailleurs se confondre. Ceci engendra des rivalités entre autorités civiles et religieuses en bien des endroits.

L’apogée de ces conflits peut être trouvée à la Révolution française où l’on retira une multitude de cloches pour faire taire la voix de l’Église. C’est ce qui conduit à considérer que les cloches datant d’avant cette époque et qui existent encore sont de grande valeur : elles ont en effet traversé la période révolutionnaire et la Seconde Guerre mondiale pour parvenir jusqu’à nous.

Illustration : la girouette du beffroi avec les trois clés faisant partie des armoiries de la Ville. Source : Guy Focant, Région wallonne – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (15)

Dimanche 5 avril. Ce soir nous entendrons nos deux cloches de 2012 de concert. Romane et Benjamine, si et do#. Sonnerie rapide et juste un ton de différence : c’est serré.

Où sont passées les cloches installées après l’incendie de 1905 ? La cloche Guibert s’est fêlée en 1926 et fut remplacée l’année suivante par un modèle au profil plus léger. De cet ensemble, il nous reste uniquement Benoît, la plus petite. Les autres subirent le même sort funeste que bon nombre de leurs sœurs : elles furent enlevées et fondues durant la Seconde Guerre mondiale lorsque l’Occupant, en manque de métal, décida de réquisitionner les cloches.

Pratiquement toute la Belgique fut concernée par la réquisition. La règle de base était de laisser au moins une cloche par clocher pour assurer un service minimal. Bien entendu, ce sont les plus grosses cloches qui en firent les frais. Quitte à emporter une cloche, autant prendre un maximum de métal. Continuer la lecture

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (14)

Samedi 4 avril. Reprenons la sonnerie d’hier et étendons-la en y ajoutant une note plus grave qui viendra asseoir l’ensemble, lui donner plus de consistance. Nous obtenons l’accord fa# mineur : fa#-la-do#.

Le ton d’une cloche dépend de deux facteurs : son diamètre et l’épaisseur de sa paroi. Plus le diamètre est grand, plus le son est grave. Plus la paroi est épaisse, plus le son est aigu, mais plus il résonne et porte loin.

Autrement dit, si on veut qu’une cloche sonne bien et loin, il faut augmenter son épaisseur et donc la quantité de métal. Mais dans ce cas, le ton va remonter et il faudra compenser en augmentant le diamètre… et qui dit diamètre plus grand dit à nouveau métal supplémentaire et poids plus important. Nous aurons vite compris que l’augmentation est exponentielle. Le poids d’une cloche de même tonalité peut sans problème varier du simple au double.

La cloche et donc un instrument de musique qui s’achète au kilo et il faut pouvoir faire des compromis entre le résultat idéal escompté et le poids de la bourse du commanditaire.

C’est pourquoi il existe plusieurs gammes de cloches qu’on appelle profils : pour les mêmes tons, on proposera différentes épaisseurs et donc différents poids pour satisfaire tout le monde. C’est ainsi qu’un ré pour par exemple peser 1.300 kg, 1.500 kg, 1.800 kg ou plus encore suivant qu’on choisira un profil léger, moyen, lourd, extra lourd… Cette échelle varie d’un lieu à l’autre. En Allemagne la norme va vers des profils fort lourds alors qu’ils sont plus légers en Italie.

A Gembloux, pour nos contrées, c’est assez lourd !

Les cloches installées juste après l’incendie de 1905 avaient un profil un peu plus lourd encore. Voici une photo qui les montre présentées dans l’église pour leur bénédiction. Elles furent expédiées par chemin de fer le 7 mars 1907 (la photo n’est donc pas de 1906 comme indiqué) et un télégramme confirma leur bonne arrivée à Gembloux le lendemain. Le bourdon légué par Gustave Docq viendra plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : Les cloches dans l’église en 1907 : Fonds Lucien Hoc du Cercle royal ‘Art et Histoire’. Lettre de voiture et télégramme : archives de la fonderie Causard-Slégers de Tellin (Archives de l’État à Saint-Hubert) – article Manu Delsaute

vivre la semaine sainte en confinement

Chers frères et sœurs,
Bonjour.

Voici quelques propositions pour vivre la semaine sainte en ce temps de confinement :

 

  1. Dimanche des Rameaux

Des idées de broderies ou de dessins pour représenter les rameaux à mettre à votre fenêtre (quelques idées ici : https://www.upgembloux.be/2020/04/02/quelques-idees-pour-la-fete-des-rameaux-bricolages/ )

  1. Jeudi, vendredi, samedi saints et dimanche de Pâques

Les prêtres de l’Unité Pastorale de Gembloux célèbrent déjà des messes à votre intention tous les jours. Vous pouvez continuer de leur faire part de vos intentions et vous unir à eux dans la prière.

Durant la semaine sainte, les églises resteront ouvertes pour la prière et le recueillement personnel et individuel. Pour le Triduum, nous vous invitons à rejoindre les célébrations faites par notre évêque Mgr Warin. Vous pouvez également vous unir spirituellement à la veillée pascale au cours de laquelle les cierges pascals de notre unité pastorale seront bénis le Samedi saint à 18h00.

  1. Pour rester en contact, nous vous invitons à consulter régulièrement notre page Facebook  et notre site (www.upgembloux.be) avec les dernières informations locales ainsi que le site du Diocèse de Namur (http://www.diocesedenamur.be/) qui propose chaque jour les lectures du jour avec les homélies.

En union de prière

Abbé Étienne Kaobo Sumaidi

 

Pourquoi n’y a-t-il pas de rameaux cette année ?

C’est dans un contexte bien difficile que nous nous apprêtons à entrer dans la Semaine Sainte. Cette semaine nous conduit à la fête de Pâques, sommet de l’année liturgique. Il nous sera  impossible de vivre les célébrations de la même manière que les autres années. C’est un véritable déchirement. Parmi les célébrations marquantes, pour les chrétiens pratiquants comme pour les non pratiquants, il y a le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur. Cette année, il n’y aura pas de bénédiction des rameaux.

Mais pourquoi n’est-il pas possible d’avoir quand même un petit rameau chez soi ?
Réponse avec Maxime Bollen, du service de Liturgie du diocèse de Namur:
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A propos de la catéchèse et des célébrations des communions et confirmations

Chers catéchistes et chers parents,

Cette année, nous vivons un carême que nous n’avions pas choisi, que nous n’aurions même pas pu imaginer, il nous est imposé par les circonstances. Nous veillons à le vivre le mieux possible, en respectant les mesures de confinement imposées par l’Etat pour nous protéger et protéger les autres.

Dans leur lettre du 23 mars, les évêques de Belgique annoncent la suspension de toutes les célébrations publiques jusqu’au 19 avril. Dans leur lettre du 30 mars (que vous pouvez lire sur notre site https://www.upgembloux.be/2020/03/30/report-des-communions-et-confirmations/), ils font part du report des communions et confirmations. Le diocèse de Namur a publié des dispositions complémentaires pour les sacrements de l’initiation chrétienne https://www.upgembloux.be/2020/04/02/dispositions-complementaires-pour-les-sacrements-de-linitiation-chretienne/

Nous référant à ces documents, nous avons pris les dispositions suivantes pour notre Unité Pastorale (UPG) :

  • Annulation des retraites de profession de foi (25-26 avril à Gentinnes) et de confirmation (22 mai à Maredsous)
  • Report des rencontres de catéchèse et si possible des retraites au mois de septembre
  • Célébrations des 1ères communions et des professions de foi le dernier dimanche de septembre ou courant octobre.
  • Célébration des confirmations le 15 novembre pour tous les enfants (nouvelle catéchèse et profession de foi)
  • La rentrée pastorale et catéchétique se fera après le 15 novembre pour ne pas court-circuiter deux années de catéchèse.

Il est évident que toutes ces dispositions sont tributaires de la levée du confinement et des dispositions qui pourraient être prises par les autorités civiles ou ecclésiales.

A l’invitation de notre évêque, Mgr Pierre Warin, « tenons en éveil notre espérance » et préparons nos cœurs à vivre cette semaine sainte particulière avec ferveur dans l’attente de la résurrection, convaincu de la présence du Christ à nos côtés au sein de cette épreuve.

En union de prière,

Pour l’Unité Pastorale,
Etienne Kaobo Sumaïdi, doyen

 

 

 

 

 

 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (13)

Vendredi 3 avril. Sonnerie à deux cloches en tierce majeure (deux tons d’écart) comme hier, mais en plus aigu : la-do# ou 4-6. Le langage des cloches est vaste et variable. La manière de sonner, le choix et les combinaisons de cloches apportent un rendu chaque fois différent. Il suffit d’y prêter attention.

Gembloux en Brabant !

On ignore souvent que jusqu’à la Révolution française, Gembloux était située dans le duché de Brabant. Nous sommes devenus namurois sous le régime français, département de Sambre et Meuse, puis sommes demeurés en province de Namur.

D’un côté ou de l’autre de la ligne, Gembloux a toujours eu un caractère frontalier. Au XIIe siècle, la rivalité entre le comte de Namur et le duc de Brabant faisait rage. Lorsque le premier voulut étendre ses terres, il lorgna naturellement sur celles qui se trouvaient juste derrière la limite, ce qui n’épargna pas Gembloux qui fut livrée aux flammes.

La scène est illustrée sur un des dessins commandés par l’abbé Papin (XVIe s.). Nos fortifications, dont nous avons fait le tour, rendaient bien des services mais n’ont pas suffi ce jour-là.

En revanche, elles remplirent pleinement leur rôle en 1489 dans un autre contexte lorsque les révoltés assiégèrent durant trois jours la Ville restée fidèle à Maximilien d’Autriche. Le cœur de Gembloux fut ainsi préservé mais les faubourgs et fermes alentours furent détruits. Ceci valut un autre dessin qui ne manque pas d’illustrer ici aussi les forces en présence et la tension du moment.

Illustrations : Dessins commandés par l’abbé Papin, XVIe s., dans La Geste des abbés de Gembloux, par Jean-Paul Straus, éditée par le Cercle royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux, 2012, p. 86-87 et 142-143 – article Manu Delsaute

Vivez la Semaine Sainte avec Mgr Warin

Cette période est difficile pour tous. Les catholiques sont tout particulièrement attristés, à l’approche de la Semaine Sainte, de ne pouvoir célébrer pleinement leur foi dans leur église paroissiale. Le diocèse de Namur, en association avec les télévisions communautaires, les réseaux sociaux et RCF Sud-Belgique, propose un éventail de possibilités pour vivre depuis son salon, avec Mgr Pierre Warin, évêque de Namur, les offices de la Semaine Sainte.

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Quelques idées pour la fête des Rameaux et la semaine sainte en famille

Les Services de pastorale liturgique et de catéchèse (Catéveil) mettent à disposition de celles et ceux qui le souhaitent des outils pour vivre et célébrer la Semaine Sainte à la maison, en famille, dans le contexte particulier de cette année lié au Coronavirus.

Nos évêques demandent qu’on ne distribue pas de rameaux cette année ni dans les églises ni en-dehors, d’une part pour des raisons sanitaires mais aussi parce que les rameaux font partie de la liturgie du Dimanche des Rameaux. Il n’est pas non plus possible pour un laïc de bénir lui-même des rameaux, bien sûr, mais il est par contre tout à fait possible de s’associer à la prière de l’Église qui chemine vers Pâques et qui espère, via les ondes et en priant en famille avec les outils que nous vous proposons.

Voici deux propositions pour le diocèse de Namur:

Vivre le Dimanche des Rameaux en famille à la maison :

Dimanche des Rameaux

La Semaine Sainte pour les enfants du caté :

Semaine sainte en famille au temps du coronavirus

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou si vous souhaitez parler avec un membre de l’équipe pendant cette période de confinement. Nous restons à votre service et proches de vous et de vos familles dans la prière.