13e dimanche dans l’année C – 26 juin 2022

                                     1R 19, 16b.19-21 ; Ga 5, 1.13-18 ; Lc 9, 51-62.

« Suis-moi »

Frères et sœurs,

Les textes de ce dimanche nous parlent des appels du Seigneur et de la réponse des hommes. Ces appels nous arrivent en fin d’année pastorale, au moment où la plupart d’entre nous ressentent plutôt le besoin de souffler et d’oublier leurs responsabilités et leurs soucis. Ils pensent que ce n’est peut-être pas le bon moment. Cependant, la liturgie de ce dimanche nous invite à voir les choses autrement. Car notre Dieu ne prend pas des vacances. Il ne cesse d’embaucher et son appel est pour tous sans exception. Il compte sur chacun de nous et à tout moment pour témoigner de son amour auprès de ceux et celles qui ne le connaissent pas. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de faire croire mais de « dire ». Le principal travail, c’est le Seigneur qui le fait dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. Et notre réponse à cet appel de Dieu suppose une grande disponibilité.

La vocation d’Elisée

Dieu suggéra à Elie de désigner Elisée pour assurer la continuité de sa mission de prophète. Elie n’a su que transmettre à Elisée cet appel de Dieu par un geste très parlant : le jet du manteau. Elisée a compris et en toute liberté est allé faire ses adieux.

En effet, l’appel qu’Elie adresse à Elisée réclame qu’il quitte tout pour le suivre mais sans violence pour sa famille et ses proches. Il en est de même pour nous. Notre vocation d’être chrétien nous oblige à avoir un style de vie. Cependant, elle ne nous demande pas de briser tout le lien avec ceux qui ne partage pas nos convictions.

Le Christ n’est pas venu voler notre liberté mais la faire exister.

Invitation à une liberté radicale pour suivre Jésus

L’évangile d’aujourd’hui nous dit que le Christ, malgré le rejet qui l’attend, prend résolument le chemin vers Jérusalem. Il est prêt à aller jusqu’au bout de son amour pour nous, quoiqu’en soit le prix à payer.  Tout au long de ce voyage, Jésus continue son enseignement. Et il n’hésite pas à convier plusieurs personnages à le suivre sur-le-champ.

A cet homme prêt à le suivre, le Christ ne cède pas à l’enthousiasme de cette vocation, il lui répond : « sache que le fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ». Ce qui veut dire, suivre le Christ c’est renoncer à notre petit confort, à nos petites assurances. Au deuxième qui voulait d’abord aller aux funérailles de son père, Jésus lui demande de partir immédiatement annoncer la Bonne Nouvelle. Le Christ doit être notre priorité, nous sommes invités à l’aimer par-dessus tout. Au troisième qui veut tout simplement comme le fit Elisée, aller dire aurevoir à sa famille, Jésus rappelle que « celui qui met la main dans la charrue et regarde en arrière n’est pas digne du Royaume de cieux ». On peut alors dire à ce régime qui peut donc suivre Jésus ?

La première des choses à comprendre est que nous ne pouvons avoir aucun projet valable, sérieux, sans être prêts à en payer le prix, à sacrifier quelque chose pour y arriver. De deux, toute la prédication de Jésus est une Bonne Nouvelle. Et puisque Jésus a rencontré un obstacle majeur chez les hommes de son temps et que sa parole continue à rencontrer les obstacles même aujourd’hui, que le Christ hausse le ton, il devient plus exigeant. Cet obstacle, c’est la dureté de nos cœurs. Nous sommes durs à convaincre et à se mettre en route. Souvent nous sommes plutôt portés à remettre à plus tard notre réponse à l’appel du Christ.

Il nous arrive parfois de répondre : « je n’ai pas le temps… j’ai d’autres choses à faire pour le moment… plus tard… quand je serai à la retraite j’aurais plus de temps… ». Si nous attendons de n’avoir rien à faire, nous ne serons jamais disponibles aux appels du Christ. Le Seigneur nous recommande aujourd’hui de nous libérer de tous ces obstacles qui nous détournent de lui.

Liberté au cœur de la foi

Saint Paul nous dit que le Christ est venu faire de nous des hommes libres. Cependant, cette liberté est encore à conquérir de haute lutte, parce que nos cœurs ne sont pas encore libérés du superflu : l’égoïsme, l’orgueil, l’instinct de domination, de possession. Bref, se libérer de la chair pour vivre de l’Esprit.

Puisse le Seigneur par la grâce de l’Esprit saint nous libérer de tout ce qui nous retient pour nous mettre en route à sa suite.

Abbé Hugues

 

 

Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ – dimanche 19 juin 2022

Chers frères et sœurs,

La fête du Corps et du Sang du Christ termine le cycle annuel des grandes célébrations de notre liturgie : Pâques, Ascension, Pentecôte, Sainte Trinité. Autrefois, on appelait cette fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ : Fête-Dieu. Soulignant ainsi le Sacrement de l’immense Amour de Dieu pour notre humanité en quête de Rédemption.

Bien que chaque messe en soit une célébration, l’Eglise a tenu à établir une fête particulière du Saint Sacrement. Elle nous invite ainsi à méditer plus particulièrement le sens de ce Sacrement qu’elle célèbre quotidiennement à travers le monde.

Tous les sacrements sont saints. Tous, en effet nous mettent en contact avec Dieu. Tous, selon nos dispositions, font fructifier en nous sa sainteté. Pourtant l’Eglise parle de l’eucharistie comme étant  » le Sacrement Saint « .

Pourquoi ? Continuer la lecture

Fête de la Pentecôte – 5 juin 2022

Esprit Saint, Présence et vie.       

Aujourd’hui l’Esprit Saint se donne à entendre, à voir, à comprendre. Il pousse l’Église comme un grand vent vers le large et la libère de la peur. Les portes closes s’ouvrent, le feu dévore, le souffle crée. Nous sommes 50 jours après Pâques, et d’après le témoignage de Saint Jean, les disciples sont toujours enfermés entre eux, par peur, à cause des événements qui ont conduit à la mort de Jésus. La tendance naturelle pour les apôtres est donc le repli sur le petit groupe rassurant. Il faudra la force de l’Esprit pour briser cette volonté de repli sur soi des apôtres.

Les Actes des apôtres sont un véritable évangile du Saint Esprit ; le Saint Esprit est partout présent, il est le moteur et l’acteur. Il agit parfois avec force lorsqu’il y a nécessité, L’Esprit-Saint est l’âme de la communauté des disciples qu’il comble de croissance et de joie, donnant le feu à certains comme Etienne…Il ne se met pas en évidence lui-même mais il agit avec force en s’effaçant au profit de l’Eglise et de Jésus. Il s’exprime par l’élan du feu qu’il insuffle aux apôtres et dans le témoignage qu’il rend à Jésus. Il fait annoncer, répéter les gestes de Jésus, les paroles de Jésus, redire la prière de Jésus, perpétuer la fraction du pain et du vin et garde les disciples dans l’unité. Continuer la lecture

7e dimanche de Pâques C – 29 mai 2022

                             Ac 7, 55-60 ; Ap 22, 12-14. 16-17. 20 ; Jn 17, 20-26.

                                    « Ut unum sint : Que tous soient un ».

Chers frères et sœurs,

Le jeudi dernier, nous avons célébré la fête de l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ et le dimanche prochain ce sera la Pentecôte. L’Evangile qui nous est proposé ce dimanche est celui de saint Jean, sur la Prière de Jésus pendant la dernière Cène : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Jésus prie son père pour ses disciples, mais pas seulement pour eux, il le fait aussi pour tout ceux qui croiront en lui. Il prie en notre faveur. Il s’agit d’une prière à double objet : pour l’Unité entre ses disciples et pour la crédibilité à sa mission aux yeux du monde.

Dans sa prière, Jésus nous révèle que c’est la communion du Père et du Fils qui constitue la source et le modèle de l’unité à réaliser entre les hommes : unité étroitement liée à l’Amour du Christ.

Pour Jésus en effet, la vocation ultime de l’humanité est d’être unie dans l’Amour de Dieu. C’est seulement en étant unis au Christ que toutes les autres formes d’unité pourront être édifiées. Et comment pourrons-nous être témoins de l’Amour du Christ s’il y n’y a pas d’amour entre nous ?

Etienne, le premier martyr chrétien, meurt victime de ce manque d’amour ; victime de l’intolérance des dirigeants de la synagogue. Et pourtant lui, il est resté témoin de cet amour du Christ jusqu’à la mort. Pendant qu’on le lapidait, Etienne priait ainsi : « Seigneur, reçois mon esprit. Puis se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte, Seigneur, ne leur compte pas ce péché ».

Frères et sœurs, les textes de ce dimanche nous aident à discerner que tout ce qui favorise l’unité et l’amour entre les hommes vient de Dieu. Cependant tout ce qui crée la division, la calomnie, toute parole méchante qui détruit l’autre est l’œuvre du diable.

Ainsi se termine le livre de l’Apocalypse sur l’appel à la venue du Christ. La venue qui fera connaître la valeur de l’œuvre de chacun.

Viens, Seigneur Jésus, étoile resplendissante du matin, sur ceux qui sont dans la nuit ; Lumière qui brille depuis le commencement, viens, à la fin de l’histoire, dissiper toutes les ténèbres du monde !

Puisse le Seigneur nous accorder la grâce d’être des témoins de son Amour et des instruments d’Unité et de Paix dans le monde.

Amen

Abbé Hugues Mbatizoma

6e dimanche de Pâques C – 22 mai 2022

Chers frères et sœurs,

L’église est née à la Pentecôte, nous avons aujourd’hui dans les lectures la promesse que le Père enverra l’Esprit-Saint, le Défenseur qui accompagnera son église aux longs des siècles, à travers l’histoire. C’est aussi la certitude que L’Esprit-Saint est dans l’église et la guide à travers les siècles.

Comme les premières communautés de l’église, nous vivons, nous aussi, dans une période de grandes turbulences. L’assistance dominicale est plus restreinte, les paroisses gèrent la décroissance avec difficulté, les églises se vident et se vendent parfois, les communautés se regroupent pour former des unités pastorales, le personnel sacerdotal diminue de façon alarmante.

L’Esprit-Saint, notre Défenseur, nous aidera à traverser ce temps d’incertitudes et à trouver des nouvelles solutions aux besoins d’aujourd’hui. Et Il nous conseillera sur ce qu’il y a à conserver dans la tradition et nous donnera le courage de laisser tomber ce qui ne répond plus aux besoins de notre temps d’où l’importance des actions comme la synodalité lancée par le pape François. Il faut y croire !

L’église n’est pas à sa première crise, le texte des actes des apôtres dans la première lecture raconte la crise de la circoncision, qui a provoqué un changement majeur chez les chrétiens de la première génération. Les conservateurs de la communauté voulaient obliger tous les nouveaux baptisés à suivre les règles de la religion juive et se faire circoncire…et tant d’autres obligations à suivre. Paul et Barnabé n’étaient pas d’accord. L’Esprit-Saint a permis alors de trouver un compromis et ce fût le premier Concile de Jérusalem.

L’église a connu des centaines et des centaines de changements à travers les siècles, c’est là un signe de vitalité et de capacité de s’adapter aux besoins du temps.

Quels pourraient être les changements que nous croyons importants aujourd’hui ?

Selon moi, beaucoup de choses.

Le message du Christ n’est pas lié à une seule langue, culture, liturgie, une seule façon de faire, un seul modèle d’église. L’église est ouverte à tous et L’Esprit-Saint souffle où il veut.

Dieu nous parle à travers les situations changeantes et nous invite à vivre notre foi dans un monde en constante évolution. Cet Esprit est pour nous source de vie nouvelle. Il nous guide, nous accompagne et nous donne courage de faire face à toutes les situations difficiles de nos vies.

« Soyez sans crainte, le Défenseur, L’Esprit-Saint vous enseignera tout ce que je vous ai dit  » dit le Seigneur. Amen.

Abbé Jeannot-Basile Nduwa Kakwata

5e dimanche de Pâques C – 15 mai 2022

L’amour, signe distinctif des chrétiens

Les chrétiens comme disciples du Christ ressuscité devraient être reconnus par l’amour mutuel. Car, c’est l’amour qui permet de construire un ciel nouveau et une terre nouvelle. Et, nous savons que cet amour par lequel les chrétiens sont identifiés à un modèle : l’amour même de Dieu, que le Christ a manifesté sur la croix.

  1. Des signes identifiant des personnes et des catégories sociales

«Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres », dit Jésus à ses disciples.

Dans toute société humaine, chaque profession (médecin, magistrat, policier, etc.,) a un signe qui l’identifie. Plus encore, à l’intérieur de certaines professions (comme dans l’armée), des insignes particuliers identifient les différentes catégories des personnes. Et ces signes extérieurs, tout en identifiant un groupe social ou une profession, différencient les hommes et les femmes au sein de la société. Continuer la lecture

3e dimanche de Pâques C – 1er mai 2022

                             Ac 5, 27b-32 ;  Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19

Apparition de Jésus au bord du Lac : la pêche miraculeuse.

C’est pour la troisième fois que Jésus apparaisse à ses disciples après sa résurrection. Cette troisième apparition est un geste de réconciliation avec ses disciples qui l’avaient renié et abandonné. Cependant, le Seigneur s’est manifesté à eux pour leur redonner sa confiance et son amour. Dans l’église née du souffle de l’Esprit, du sang versé de l’agneau et fondée sur la foi des apôtres, c’est l’amour qui doit emporter sur toute chose.

C’est cet amour qui a animé les apôtres et Pierre en particulier à proclamer devant le Sanhedrin « qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Les disciples se retrouvent devant les autorités religieuses qui leur avaient défendu de parler de Jésus, et qui croyaient avoir ainsi réglé le problème de façon définitive. Cependant, les Apôtres ont su dire « non » à cet ordre exprimé sur un ton de menace : « nous vous avions formellement interdit d’enseigner en ce nom-là. Or, voici que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement ». Les Apôtres ont su désobéir aux autorités par obéissance à Dieu. Ils ont dit « non » à ceux qui voulaient les empêcher de parler de Jésus Christ.

En effet, ce texte s’applique aussi bien à notre réalité d’aujourd’hui qu’à celle du temps des premiers chrétiens après la résurrection. Chaque civilisation a ses certitudes et les dirigeants n’acceptent pas facilement que les gens soient en désaccord avec eux.

Aujourd’hui les dogmes modernes sont : la liberté, la démocratie à l’américaine, le capitalisme, la séparation de l’église et de l’état, la laïcité pure etc. Critiquer, contester le système en place, ouvrir une brèche, c’est ébranler tout l’édifice qui repose sur l’illusion d’être universel, total et absolu.

Les dirigeants exigent souvent une approbation inconditionnelle et font tout pour discréditer, ridiculiser, démolir ceux qui ne pensent pas comme eux : « si tu veux avoir du succès dans la vie, tu dois être d’accord avec ceux qui gouvernent. Si tu veux faire carrière, tu dois intégrer le système, c’est-à-dire tu dois intégrer leur vision du monde. Si tu veux obtenir un poste de directeur, une fonction politique, tu dois apprendre à penser comme ceux du parti. Si tu veux faire de l’argent, il faut jouer selon les règles imposées par le marché même si ce jeu n’est pas toujours propre et honnête ».

Cependant, les Apôtres ont eu le courage de résister aux pressions exercées par les dirigeants et ont continué à annoncer Jésus-Christ ressuscité. Leur geste de défi doit être une inspiration pour chacun de nous : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Ainsi, être chrétien signifie maintenir notre liberté de penser et d’agir, savoir s’opposer à ce qui est injuste, dire non à ce qui va contre le droit des personnes innocentes, être capable de défendre sa foi. Par ailleurs, le chrétien doit en même temps avoir une approche critique vis-à-vis de la société, de la politique, de la religion, de la culture, de la tradition tout en maintenant une attitude de dialogue, de réconciliation, de fraternité et de collaboration.

Aujourd’hui dans l’évangile, nous sommes au bord du Lac Tibériade où Jésus avait promis à ses premiers disciples de faire d’eux des pêcheurs d’hommes. Après la mort de Jésus, les disciples retournent à leur vie professionnelle des pêcheurs. C’est au cœur de leur quotidien que le ressuscité va se manifester à eux. Pierre est au centre de ce récit. Il prend l’initiative d’aller à la pêche, de se jeter à l’eau pour rejoindre le Seigneur sur le rivage, de ramener à terre la pêche commune. Finalement, c’est à lui que Jésus confie la direction pastorale de son église, malgré son triple reniement. Jésus ne lui demande que de l’aimer : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». Cette triple interrogation renvoie au triple reniement de Pierre, mais elle ne concerne pas que Pierre, elle s’adresse à chacun d’entre nous. Elle nous fait entrer dans la compréhension de qui est ce Jésus que nous devons aimer.

Jésus que nous devons aimer est celui de la croix, « l’agneau immolé » qui a versé son sang pour nous. Et l’Apocalypse de Saint Jean nous démontre que, ce que les hommes prétendent obtenir par leur seule force et leur intelligence : puissance, richesse, sagesse, honneur, louange, Jésus l’a reçu pour nous sur la croix et il est devenu le Seigneur de l’univers. Nous ne pouvons rien recevoir de beau, de vrai et de durable sans pouvoir nous associer au Christ.

Laissons le Christ monter dans nos barques pour donner sens à toutes nos actions.

Amen

Abbé Hugues MBATIZOMA

 

2e dimanche de Pâques C – 24 avril 2022

Chers frères et sœurs,

Quand St Jean écrit son évangile, ça faisait déjà 60 ans que Jésus était mort et ressuscité. Donc 60 ans que les chrétiens se réunissaient chaque dimanche pour fêter la présence du Christ parmi eux. Et cette rencontre du premier jour de la semaine, apportait, dimanche après dimanche, la joie, la paix et le don de l’Esprit-Saint.

Chers frères et sœurs, la joie Pascale, la joie chrétienne est une joie profonde. Non pas la joie que nous ressentons tout naturellement quand tout va bien, quand nous sommes en bonne santé pleins de projets alléchants.

La joie de la résurrection, disait Ste Catherine de Gênes : » c’est celle qui vient lorsque tout semble mal tourné avec la souffrance, la maladie, l’angoisse, la peur, le désarroi. C’est la joie fondée sur la confiance que nous avons en Jésus mort et ressuscité, cette joie apporte avec elle une paix intérieure profonde.

Aujourd’hui, jésus nous confie une mission qui doit être vécue non seulement à l’église le dimanche, mais dans la vie de tous les jours, à la maison, au travail, avec les amis, en vacances, en temps de prospérité comme en temps des crises, des maladies ou catastrophes. Nous sommes invités à prolonger la mission que le Père avait confiée à Jésus.

Frères et sœurs, à côté de la mission reçue de Jésus, la liturgie d’aujourd’hui nous présente aussi une figure bien intéressante, celle de Thomas. Un personnage si vrai, si spontané que le langage populaire s’en est emparé. Pour désigner quelqu’un qui manifeste grande prudence et ne peut avancer qu’un pied après l’autre, on dira volontiers de lui : c’est vrai saint Thomas.

Quelques jours après sa mort, Jésus est apparu une première fois à ses disciples. L’un d’entre eux n’était pas avec eux à ce moment-là. Tous lui disent qu’ils ont vu Jésus vivant. Thomas hésite. Puis, au lieu de se joindre à la joie de tous, il déclare que tant qu’il ne l’aura pas vu de ses yeux, il ne pourra croire.

Chers frères et sœurs, cet épisode est très fort puisqu’il introduit une note négative dans un contexte de joie qui pourrait paraître euphorique et merveilleux. Un accent réaliste, pessimiste dans un ensemble fait de joie.

L’exaltation collective est ainsi exorcisée et ce n’est pas le moindre intérêt de ce point du récit, il en est pourtant un autre qui nous interpelle.

Thomas nous dit que l’acte de foi n’est pas facile. Peut-être à force d’habitude et de routine (dans nos liturgies et célébrations), le mot résurrection ne nous dit plus aberration de cette affirmation : le seigneur est ressuscité.

Et pourtant l’aberration c’est la foi en la résurrection. Le naturel, le normal c’est l’incrédulité. Et les premiers chrétiens le comprirent bien.

Aujourd’hui dans une affirmation faussement évidente, on peut penser qu’il était simple de croire.

Aujourd’hui, c’est bien heureux d’en être conscient, cette fausse évidence est levée. Non seulement nos sociétés s’installent dans l’incroyance, mais encore, ce sont les croyants qui passent pour être des fous. Mais si nous croyons que la foi chrétienne est un don de Dieu, même pour les apôtres, notre énergie peut être la même et nous pouvons devenir, à notre tour, des fondateurs d’églises en notre 21ème siècle comme le veut notre pape François en lançant la synodalité dans notre église.

Nos lenteurs à croire comme ce fut le cas de Thomas, se trouvent elles-mêmes converties en grande compréhension pour tous ceux à qui, mystérieusement, le même don n’a pas encore été fait.

Le Christ nous invite aujourd’hui à créer avec lui un monde nouveau, un monde de paix, de Fraternité et d’amour.

Abbé Jeannot-Basile Nduwa.

Dimanche de Pâques – 17 avril 2022

Croire au Christ ressuscité et témoigner de l’espérance qui nous habite              Jn, 20  1-9

Le Christ Jésus est ressuscité d’entre les morts et la mort n’a plus aucun pouvoir sur lui. Il est vivant pour toujours. Ainsi, si nous croyons en lui, nous aussi nous ressusciterons, nous serons toujours vivants et lui nous donnera la vie en plénitude.

La résurrection du Christ fonde ainsi la foi des Apôtres et la nôtre, comme disait saint Paul : « Si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre foi est vaine ». Et en fondant ainsi notre foi, la résurrection du Christ soutient notre espérance à travers notre marche sur la terre. C’est pourquoi nous voulons partager aux autres notre espérance.

  1. Voir le tombeau vide et croire en la résurrection

Saint Jean nous rapporte que lorsque le disciple que Jésus aimait entra dans le tombeau : « Il vit et cru »

La foi de ce disciple qui est un peu éloignée de la remarque de l’Apôtre Thomas qui disait aux autres disciples : « Tant que je ne vois pas ses mains avec la marque des clous et que je ne mets pas la main dans son côté, je ne crois pas (Jn 20,25-26).

Voir et croire et un réel problème dans lequel se situaient les disciples du Christ, et nous aussi parfois. Pour l’Apôtre Thomas « voir » signifiait pour lui avoir la preuve matérielle de la résurrection de Jésus de Nazareth. Voir Jésus en train de ressusciter, aurait été pour Thomas la preuve irréfutable.

Mais pour Jean, c’était d’abord la confiance en Jésus Christ qui lui permettait de « voir » le lien entre cette pierre qui était enlevée du tombeau avec le fait que tout ce qui avait servi pour l’ensevelissement de Jésus était là et avec le fait que le tombeau était vide.

Avec tous ces détails ensemble et son grand amour pour son Maître, Jean a établi le lien entre ce qu’il a vu et ce que Jésus avait déjà annoncé auparavant, à savoir qu’il ressuscitera le troisième jour. Jean a également vu le lien entre tous ces détails avec toutes les Écritures qui annonçaient la puissance de Dieu.

  1. La résurrection de Jésus et la nôtre

Jésus ressuscité avait dit à l’Apôtre Thomas : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu ». Et nous, aujourd’hui, en célébrant la fête de Pâques, nous adhérons personnellement et communautairement, à cette foi qui nous a été transmise depuis les Apôtres.

En effet, une chose est de croire que le Christ est ressuscité, une autre est celle de voir le lien que nous avons avec la résurrection du Christ qui a eu lieu il y a deux mille ans. Saint Paul nous rappelle ce lien : « Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ ». C’est-à-dire que, parce que le Christ est ressuscité et comme lui, nous aussi, si nous croyons en lui, nous ressusciterons.

Alors, qu’est-ce donc, pour nous, aujourd’hui, « être ressuscité » ? C’est d’abord la transformation intérieure que tous nos efforts de Carême nous ont apportés : nous sommes devenus des êtres renouvelés par la grâce du Christ ressuscité.

Ensuite, la résurrection du Christ nous invite à ne chercher que les réalités d’en-haut, à élever notre cœur à la taille de l’amour de Dieu et à élever notre humanité pour la rapprocher davantage de Dieu. C’est ce que Saint Paul nous recommande, lorsqu’il nous dit : « Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu »

Croire en la résurrection du Christ, c’est, enfin, garder la ferme espérance que la vie triomphe toujours de la mort. Comme le Christ est ressuscité, nous aussi, nous ressusciterons. Avec le Christ qui a vaincu le mal, nous triompherons aussi du mal. Et, face à l’avenir, si nous rencontrons des épreuves ou des obstacles sur notre route, nous n’aurons pas peur de les affronter car nous savons que le Christ ressuscité est à nos côtés.

  1. Témoigner de la résurrection

Si nous-mêmes nous voyons le lien qu’il y a entre la résurrection du Christ et la nôtre, c’est pour que nous allions témoigner de ce lien aux autres hommes.

Saint Pierre affirme : « Il nous a chargé d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts. C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : « Tout homme qui croit en lui, reçoit le pardon de ses péchés ».

Être témoin de la résurrection, ou du Christ ressuscité, c’est être aujourd’hui témoin de l’espérance que la vie a le dernier mot sur la mort. C’est garder la joie de vivre et la partager quoi qu’il arrive. C’est ce que le pape François recommandait dans une homélie en 2017. Un chrétien ne doit pas avoir constamment « une tête d’enterrement ». Il doit diffuser la joie que Jésus ressuscité l’a définitivement sauvé. Il doit partager un regard optimiste sur les réalités du monde et face à l’avenir. Il doit être témoin de l’espérance qui l’habite.

*

Oui, le jour de Pâques, nous redisons ce point central de notre foi : Jésus Christ est ressuscité d’entre les morts et la mort n’a plus aucun pouvoir sur lui. Il est vivant pour toujours. En croyant ainsi en lui, nous découvrons l’espérance de notre propre résurrection.  Animés par cette foi et cette espérance, nous les disciples du Christ, nous relayons le témoignage des Apôtres pour annoncer aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui que la véritable vie et le salut de l’humanité nous viennent de Dieu par Jésus Christ.

 

Abbé Étienne Kaobo Sumaidi

Gembloux, le 17 avril 2022

Dimanche des Rameaux et de la Passion C – 10 avril 2022

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Avec tous les chrétiens du monde entier, nous entrons aujourd’hui dans la Semaine Sainte. En ce dimanche, nous faisons mémoire de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Son voyage a commencé en Galilée, Il est sur le point de se terminer. Aujourd’hui, c’est la dernière étape et Jésus s’arrête sur le Mont des Oliviers, il envoie deux de ses disciples lui chercher une monture.

Jusqu’à présent, le Messie vivait caché. Mais en ce jour, il veut prendre possession de la ville sainte et du temple. C’est ainsi qu’il va révéler la véritable mission du nouveau pasteur d’Israël. Il n’arrive pas sur un char, comme le ferait le chef d’une armée libératrice, mais sur un petit âne. Et lors de son entrée, il est acclamé par la foule les rameaux d’olivier répandus sur le passage de Jésus lui font un tapis triomphal. Pleine d’enthousiasme, la foule crie « Hosanna ».

Le même Jésus entre aussi dans nos villes et nos villages en ce dimanche, Il veut nous rejoindre au cœur de nos vies et se présente à nous comme le seul qui peut nous délivrer de tous nos esclavages à travers son agonie, sa mort et sa résurrection.

Saint Luc évoque en quelques mots très simples cette lente agonie de Jésus dans la nuit, seul, abandonné même de ses amis qui se sont endormis. Et cette agonie, cette angoisse qui le fait s’écrouler en larmes, l’Evangéliste nous la décrit comme un combat, une lutte solitaire dans la nuit, qui évoque le combat de Jacob avec l’Ange au livre de la genèse. De ce combat terrible, Saint Luc nous a conservé quelques gémissements et une phrase qui en dit long sur ce qui s’est passé : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ».

Ce chemin que nous trace Jésus, entre la gloire et la Croix, entre les réussites éphémères et l’effondrement de tout espoir, préfigure, d’une certaine façon, nos propres chemins. Si la Passion de Jésus nous touche à ce point, c’est parce qu’elle nous révèle que Dieu est venu nous rejoindre jusque là

Nous allons rentrer chez nous avec un rameau béni. Ce rameau va nous rappeler que nous avons chanté : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Il doit aussi nous rappeler que Jésus a besoin de nous. Saisi par l’angoisse de la mort, il a voulu que les siens demeurent avec lui sous les oliviers de Gethsémani. C’est le même appel qu’il nous adresse en ce jour. Alors oui, que ce rameau emporté dans nos maisons soit le signe de notre engagement auprès du Seigneur.