5e dimanche de carême C – 3 avril 2022

Is 43, 16-21 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

La miséricorde et le pardon nous ouvrent à l’avenir

Toute l’histoire du peuple de la Bible est parcourue par un souffle orienté vers l’avenir, une attente et espérance sans cesse renaissantes. Voilà une excellente clé pour relire l’épisode de la femme adultère dans l’évangile de ce dimanche qui met face à face les tenants du passé (scribes et pharisiens) et Jésus, qui ouvre aux hommes un avenir tout autre.

Même si nos cœurs sont arides comme le désert, Dieu y fera passer les fleuves de son amour et de sa vie (Is 43, 16-21)

C’est ce qu’évoque la première lecture tirée du prophète Isaïe : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? (…) Les bêtes sauvages me rendront gloire- les chacals et les autruches- parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides ».

En effet, ce n’est pas seulement autrefois, au temps de l’esclavage d’Egypte, que Dieu s’est montré un Dieu sauveur. C’est aujourd’hui qu’il sauve. Il fait fleurir les cœurs désertés par l’espérance et la joie, par l’amour et le pardon des offenses.

Jésus et la femme adultère (Jean 8, 1-11)

Les scribes et les pharisiens amènent à Jésus une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. La Loi de Moïse, dont les scribes et les pharisiens se réclament ici ordonnait, en cas d’adultère, de mettre à mort les deux coupables : « L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice » dit le livre de Lévitique (Lv 20, 10). Or, ici l’homme a disparu sans laisser de traces, la femme est restée toute seule à porter le poids de la faute. Ainsi, elle est réduite à jouer le rôle de bouc émissaire pour tout le monde. Comme quoi, le péché d’autrui nous rassure, nous fait sentir justes, nous décharge de notre responsabilité et notre culpabilité propres.

Quoi qu’il en soit, nous voici en présence d’une scène de jugement et de deux attitudes très différentes devant le péché : d’un côté, les scribes et les pharisiens, de l’autre Jésus.

L’attitude des scribes et des pharisiens est impitoyable dans sa logique : cette femme a péché, elle doit payer, sans recours possible. Ils enferment la femme dans son péché, ils la figent dans sa faute.

Et quel est le vrai motif qui les anime ? Ce n’est pas le souci du respect de la Loi de Moïse. L’évangile est clair sur la pureté d’intention de leur démarche : « ils veulent mettre Jésus à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser ». Continuer la lecture

4e dimanche de carême C – 27 mars 2022

Chers frères et sœurs,

Il nous est proposée aujourd’hui la merveilleuse parabole de l’enfant prodigue. Il vaudrait mieux peut-être l’appeler la parabole des deux enfants perdus pour le cœur de leur père.

Le premier de deux fils, nous le connaissons davantage. Quelle est donc sa faute ? Nous nous rappelons sa vie dissolue dans son pays d’immigration. Pourtant, son péché le plus grave, celui qui a rompu le lien avec son père, n’est pas là. Il est d’avoir considéré son héritage comme un dû. Plus fort que le lien à son père, son égoïsme le pousse à traduire tout en termes de propriété et donc d’exigence envers son père. Le départ loin de la maison familiale symbolise bien cette rupture du cœur. Le père obéit aux exigences du fils. Il partage son bien et donne sa part à chacun de ses enfants. Il ne résiste pas. L’amour ne se négocie pas.

Le second fils, lui, ne part pas. On pourrait penser qu’il s’agit d’un bon fils. Lui-même le pense. Mais sa fidélité devient pour lui une prétention. Lorsqu’il entend les réjouissances organisées pour le retour de son frère, il se met en colère et dévoile le fond de son cœur. A son tour, il manifeste, et avec colère, ses exigences. Il déroule devant son père, la liste de ses mérites. C’est dire combien il pense que sa fidélité lui confère des droits sur son père. Lui aussi, tout comme son frère pense en termes de propriété. Il place sa propre personne au centre de tout débat. Son enfermement sur lui-même lui interdit de se réjouir du retour du prodigue. Il est enfermé dans sa suffisance.

C’est vrai qu’il n’est pas toujours facile de percevoir la malice de cette attitude. Elle est toute drapée de vertu, de fidélité, de respect et de labeur. Le malheur est que ces bonnes choses sont toutes centrées sur l’égoïsme. L’intention qui les habite n’est pas droite. Elle est tout entière retournée sur soi. On affirme avoir donné. Or ces dons avaient pour but d’obtenir, en retour, des droits absolus sur la personne que l’on prétendait servir et aimer.

Chers frères et sœurs, c’est le drame du monde qui est ici soulevé par Jésus. D’un côté, le fils de Dieu entrevoit l’immense foule de tous ceux qui se sont éloignés de la maison du Père, emportant avec eux tous les dons de Dieu que sont la vie, le travail, la joie et tant de choses Tous ces biens sont des dons du créateur. La foule des prodigues les utilise désormais de manière égoïste puisqu’ils sont incapables de reconnaître leur créateur et père dont ils ont oublié même le nom. Au cœur de cette foule un petit peuple, le peuple de Dieu. Il connaît son créateur et père. Il honore son nom, il pratique son culte et observe sa loi. Mais son cœur, où est-il ?

Sa fidélité, son observance, beaucoup parmi ce peuple s’en servent à leur profit. Ils sont convaincus que leur fidélité même crée des obligations à Dieu. Puisqu’ils sont fidèles, Dieu leur doit le salut. Et il n’est pas question de partager ce qu’ils considèrent comme un privilège avec ces sous-hommes que sont les païens. Si le messie doit venir, c’est pour eux, il devra condamner tous ceux qui n’ont pas observé la loi.

Sans doute n’avons-nous pas grand effort à faire pour nous sentir concernés par la première partie de la parabole. Comme l’enfant prodigue, nous avons aussi dilapidé notre héritage. Comme lui, nous avons fui la maison paternelle. Mais nous sommes également concernés par le deuxième volet de la parabole. Nos moments de fidélité, en effet, peuvent devenir pour nous, source d’orgueil spirituel et fondement d’exigences que nous aurions sur Dieu.  » merci, Seigneur, disait le pharisien, de ne m’avoir pas fait comme les autres hommes qui sont voleurs impies, etc…

Que le Père de miséricorde pardonne en nous l’enfant prodigue, certes. Mais qu’il pardonne aussi le fils aîné que nous sommes bien souvent.

Qu’il ouvre notre cœur au véritable amour qui considère tout, y compris la fidélité qui peut être la nôtre, comme un don offert à tous nos frères et sœurs sans exclusive aucune. Le don suprême étant celui d’un cœur universel. Amen !

Abbé Jeannot-Basile.

2e dimanche de Carême C – 13 mars 2022

« La transfiguration sur le Thabor »

La Transfiguration est un grand mystère pour nous Chrétiens, un mystère qui nous touchent de près. Saint Paul dans la deuxième lecture nous dit : Le Seigneur « transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ». Le Thabor qui est la référence du lieu de la transfiguration est une fenêtre ouverte sur notre espérance Chrétienne. Il nous garantit que l’opacité de notre corps se transformera un jour en lumière, mais c’est aussi un projecteur pointé sur notre présent; qui met en lumière ce que notre corps est déjà, malgré sa misérable apparence. Il est le Temple de l’Esprit Saint. La beauté du Christ transfiguré sur le Thabor devant Pierre et Jean, nous enseignent deux choses absolument fondamentales sur notre condition. La Transfiguration nous dit qui nous sommes et ce qu’est notre corps.

Chrétien que nous sommes, nous devenons par notre baptême   une référence du temple de Dieu « 1 Cor 3, 16 ». La gloire de Dieu qui rayonne dans le corps de Jésus désire toujours habiter en nous et Jésus nous dit : « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, moi près de lui et lui près de moi « Ap 3, 20. Si quelqu’un entend ma voix « celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » ; « Si quelqu’un m’aime il gardera ma parole, mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons chez lui une demeure » Jn 14, 23.

Chacun de nous, je l’espère, a rencontré dans sa vie de vrais témoins du Christ. Il semble que par moment c’est Dieu qui brille en eux comme une flamme, qu’à travers ce qu’ils sont, Dieu se montre, illumine et réchauffe notre pauvre cœur… Or tandis qu’il priait, Jésus resplendit ainsi et révéla cette lumière mystérieuse à ceux des disciples qu’il avait choisis, en présence des prophètes les plus éminents, afin de montrer que c’est la prière qui procure cette bienheureuse contemplation, et pour que nous apprenions que c’est en étant proche de Dieu par la vertu et uni avec Lui par l’Esprit que l’on obtient la manifestation de cet éclat.

Jésus le fils du Père possédait, caché sous sa chair, l’éclat de la nature divine.  Cette lumière est donc celle de la divinité, et elle est incréée. Lorsque le Christ fut transfiguré disent les théologiens, « ce n’est pas en acquérant ce qu’il n’était pas, mais en se montrant à ses disciples tel qu’il était, en leur ouvrant les yeux et en se faisant voir à ces aveugles qu’il est le Fils de Dieu ». Après la transfiguration de Jésus, Dieu le Père nous appelle donc à être plus attentifs a sa parole vivante qui est le Christ Jésus lui-même.

Père Magloire 

1er dimanche de carême C – 6 mars 2022

Dt 26, 4-10a ; Rm 10, 8-13 ; Luc 4, 1-13

                                             La tentation de Jésus au désert

                     Frères et sœurs,

La liturgie de ce premier dimanche de Carême nous propose chaque année de méditer sur les quarante jours passés par Jésus au désert. Ces jours constituent un prototype du temps qui s’ouvre devant nous pour nous préparer à la célébration de la Pâque. De même que Jésus a été au désert pendant quarante jours pour affronter l’épreuve, de même nous sommes invités à entrer dans un chemin de conversion pendant quarante jours.

           I. La tentation de Jésus : Être fils de Dieu, la tentation de la toute-                  puissance.

« Après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint…. fut conduit à travers le désert pour être tenté ». Nous devons donc comprendre que le baptême du Christ, au moment où il est rempli de l’Esprit-Saint, ouvre devant lui un temps d’épreuve.

Quelle est donc la nature de cette épreuve ? L’Evangile nous dit qu’il est tenté par le Démon. Quel est le contenu de cette tentation ? L’épreuve porte sur le titre qui lui a été donné au moment de son baptême : « Tu es mon Fils, mon bien-aimé « .

En effet, la tentation consiste à lui dire : Si tu es le Fils de Dieu, – comme on vient de l’entendre au moment du baptême -, si tu es le Fils de Dieu, alors tu peux ordonner à cette pierre de devenir du pain ; si tu acceptes de te prosterner devant moi, je te donne la possession du monde ; si tu es le Fils de Dieu, jette-toi du haut du Temple. Bref, l’épreuve à laquelle le Christ est soumis est la conséquence directe de son baptême et du titre du Fils de Dieu qu’il a reçu. Continuer la lecture

8e dimanche dans l’année C – 27 février 2022

Chers frères et sœurs,

Les textes d’aujourd’hui n’offrent pas une très grande unité. Ils sont représentatifs de toute une série de passages de la Bible qui constituent comme un collier de perles qu’il est bon de contempler l’une après l’autre en prenant son temps.

La plus précieuse est certainement le court passage où Saint Paul chante son hymne à la résurrection. Il conclut, par ces quelques lignes, sa réflexion que nous avons suivie  les dimanches précédents. Aujourd’hui, il n’est pas question de réfléchir, de discuter, d’argumenter,  de chercher à convaincre. On dirait que St Paul, comme après une difficile ascension, se repose enfin sur le sommet. Il s’écrie : « la mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? » Ces phrases sont celles, tout simplement, du chrétien qui se réjouit de la bonne nouvelle qu’il vient d’apprendre : Jésus est ressuscité. Dans sa résurrection il nous entraîne. Nous sommes tout à la joie de ceux qui savent, désormais, que leur peine n’est pas inutile, qu’aucune peine, aucune souffrance n’est inutile. Jésus nous montre, en effet, que sa croix et sa passion ouvrent le chemin de la gloire. Certes, aucune explication n’est donnée qui satisferait les curiosités de notre intelligence. Le problème du mal n’est pas résolu de manière théorique. C’est la confiance en Jésus qui met au cœur du chrétien cette certitude que toute vie a un sens puisque, du creux de la plus difficile impasse que furent les derniers jours de sa vie, jésus est sorti vainqueur pour nous inviter à sa suite.

Une des conséquences de cette certitude est évoquée par la parabole de l’aveugle qui conduit un autre aveugle. Continuer la lecture

7e dimanche dans l’année C – 20 février 2022

Le pardon, signe de l’humanité nouvelle inaugurée par le Christ

Jésus disait à ses disciples : « aimez vos ennemis ! »

Car aimer nos ennemis, c’est imiter la miséricorde même de Dieu et témoigner que nous sommes vraiment des filles et des fils de Dieu notre Père. Et en vivant ainsi, nous appartenons à l’humanité nouvelle inaugurée par Jésus Christ.

Nous retiendrons, ce dimanche, que le Christ nous invite à avancer vers une humanité nouvelle en renonçant à toute vengeance et en pardonnant à nos frères et sœurs de tout notre cœur.

  1. Avancer vers l’humanité nouvelle inaugurée par le Christ

Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous donne les images de deux formes d’humanité. Et la vie d’un homme ou d’une femme se joue entre ces deux images qui sont aussi les deux visions de l’homme et qui révèlent deux types de comportement humain.

Adam: « l’homme ancien ». Avec Adam, c’est l’humanité dans ce qu’elle est ancrée dans la vie de cette terre. Les hommes sont préoccupés uniquement par les choses de ce bas monde. Leurs actions et réactions sont primaires : ils aiment ceux qui les aiment et haïssent ceux qui les détestent. Ils sont intéressés par les réalités mondaines. C’est l’image de l’homme qui rumine le mal, qui s’enfonce chaque jour plus dans le péché et se ferme à Dieu et à sa grâce.

Jésus Christ : « l’homme nouveau ». Le Christ, c’est l’homme venu d’en-haut qui est tout imprégné d’amour et de miséricorde. Tout ce qu’il fait est orienté vers le ciel, vers la réalisation de la volonté de son Père. Il manifeste un amour sans frontières dans tout ce qu’il accomplit. Il est l’homme nouveau et qui renouvelle notre humanité. Habité et guidé par l’Esprit de Dieu, il ouvre à l’humanité la voie du salut et de la vie en plénitude.

  1. Renoncer à la vengeance

La première lecture nous donne l’exemple de David qui renonce à la vengeance. La vengeance peut nous apparaître comme la solution ou l’unique recours par rapport à l’offense subie. C’est la réaction spontanée d’Abishai lorsque, avec David, ils trouvent le roi Saül endormi au milieu de ses soldats. Comme ce conseiller de David, combien de fois, nous aussi, notre première réaction ou idée de réaction est de rendre la pareille à celui ou celle qui nous a offensé !

Face à un mal subi, face à une blessure ou une offense, quelques fois, nous ne réagissons pas spontanément, mais nous gardons une rancune dans notre cœur. Ce qui nous pousse à alimenter continuellement la haine et l’animosité envers la personne qui nous a blessé. Même si la vengeance est momentanément contenue, elle finira tôt ou tard par exploser.

La vengeance n’est pas la solution qui nous honore comme disciples du Christ. D’abord parce que nous catégorisons les hommes et les femmes en « amis » que nous pouvons fréquenter et en « ennemis » envers qui nous manifestons notre haine. Ensuite, parce que, dans un esprit de vengeance, nous allons entretenir la rancune ou la rancœur. Ce qui, en réalité, va nous ronger nous-mêmes et éloigner notre cœur de la paix intérieure. Enfin, parce que, en nous vengeant, nous allons ajouter la violence à la violence. Ce qui défigure encore plus notre humanité !

  1. Pardonner de tout son cœur

À tous ses disciples d’hier et d’aujourd’hui, Jésus recommande d’aimer les ennemis, de faire du bien à ceux qui nous ont fait du mal et à bénir ceux qui nous maudissent. C’est une invitation à toujours prendre de la distance avant de réagir par rapport à une blessure subie et à agir sur la base de l’amour en suivant l’esprit de la nouvelle humanité inaugurée par le Christ.

Lorsque Jésus dit :« Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux », il tient compte du fait que pardonner n’est pas le premier réflexe qui nous vient à l’esprit lorsque nous sommes offensés. C’est pourquoi, il nous invite à élever notre regard et notre coeur vers Dieu, le Père de tous les hommes et les femmes et d’imiter son agir. Mais, surtout, nous tourner vers le Père pour lui demander son secours et la force de pardonner de tout notre cœur.

Retenons bien ce que Jésus nous dit : « si vous pardonnez, alors votre récompense sera grande dans les cieux et vous serez les fils du Dieu Très-haut ». Cette grande récompense commencera dès aujourd’hui. Car, lorsque nous pardonnons à notre prochain de tout notre cœur, nous accédons déjà, à ce moment-là, à la joie et à la paix intérieures. Nous verrons alors l’offenseur, non comme un ennemi, mais comme un frère ou une sœur à aimer. Nous aurons ainsi la joie de vivre et d’agir comme les filles et les fils de Dieu, notre Père à tous. C’est en cela que se manifeste le germe éclos de la nouvelle humanité inaugurée par Jésus Christ.

*

À nous qui sommes ses disciples, Jésus nous recommande d’aller plus loin dans notre amour. Il veut que nous ne limitions pas notre amour uniquement à ceux qui nous aiment en retour, mais que nous l’ouvrions également à nos ennemis. Car c’est de cette façon que, en imitant la miséricorde du Père, nous allons honorer davantage notre dignité de fils et filles de Dieu.

Demandons au Père de nous donner son Esprit Saint afin que nous renoncions à la haine et à la vengeance et que nous entrions chaque jour plus dans l’esprit de la nouvelle humanité inaugurée par le Christ.

Abbé Étienne Kaobo Sumaidi

Gembloux, le 20 février 2022

6e dimanche dans l’année C – 13 février 2022

Heureux ceux qui marchent selon la loi du Seigneur.

Les lectures de ce dimanche nous enseignent que la chose la plus importante que Dieu veut c’est notre bonheur. D’ailleurs, ce désir d’être heureux est inscrit au cœur de tous les hommes. La recherche du bonheur constitue le but ultime de toutes nos actions. Cependant. Il n’est rare que nous nous éloignions du chemin du bonheur que Dieu a tracé devant nous. Pour ce faire, la vie des croyants est parsemée de multiples poteaux indicateurs. Les mots « heureux ou malheureux », « béni ou maudit » que nous lisons dans les lectures de ce sixième dimanche font partie du quotidien de notre vie .

L’évangile nous propose des béatitudes qui prennent les pauvres comme des protagonistes et les malheurs qui guettent les riches. Les deux voies tracent le plan programmatique de Jésus dans l’évangile de Saint Luc. Les Béatitudes sont une forme littéraire connue depuis l’Antiquité en Égypte, en Grèce … Également, nous avons plusieurs témoignages dans la Sainte Bible, notamment dans le livre de la sagesse et la littérature prophétique. Dans les psaumes en général, une personne qui respecte fidèlement la loi est considérée comme bénie : « Béni soit l’homme qui n’assiste pas aux réunions des méchants et ne suit pas la voie des pécheurs … mais il aime la loi du Seigneur et la médite jour et nuit  » (Ps 1,1) ; « Heureux ceux qui marchent selon la loi du Seigneur » (119,1) …

Les béatitudes et les malédictions de Jésus par rapport à celles de l’Ancien Testament présentent des différences fondamentales. La littérature de la sagesse dans l’Ancien Testament insiste sur un comportement conforme à la loi pour être béni, tandis que dans l’évangile, Jésus n’exige aucun comportement éthique spécifique, comme condition pour être déclaré béni. Simplement les pauvres, ceux qui pleurent, les persécutés… sont bénis.

Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche mettent en évidence l’importance du bon choix pour être heureux. En opposant deux comportements ou attitudes, celui des justes et celui des pécheurs. Ceux qui ont choisi la bonne direction sont appelés « les justes ». Ces derniers se voient consacrer la plus grande partie de la première lecture, du psaume et de l’évangile. En revanche, ceux qui ont fait le mauvais choix, que l’on appelle « les méchants ou les maudits » bénéficient d’un traitement marginal. Bref, seul vaut la peine que l’on parle longuement du sort des bienheureux. Les autres là, c’est-à-dire la face obscure de chacun de nous, les expériences malheureuses ne sont que la « paille balayée par le vent ». Vivons comme les bénits, toujours convoqués au bonheur et au rendez-vous du Seigneur.

5e dimanche dans l’année C – 6 février 2022

                                            Is 6, 1-2a. 3-8; 1Co 15, 1-11; Lc 5, 1-11

L’Appel du Seigneur : la Vocation d’Isaïe, de Paul, de Pierre, Jacques et Jean.

« Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile » 1Co 15.

Chaque homme comme Isaïe, Paul, Pierre, Jean et Jacques, est appelé à être ce qu’il est profondément ; à trouver un sens à son existence. Tout homme est appelé à faire quelque chose dans sa vie.

En effet, les ados d’aujourd’hui comme ceux d’hier se demandent tous un jour ou l’autre ce qu’ils feront dans la vie. C’est une question qu’ils porteront pendant de nombreuses années pour certains et certaines. Pour d’autres la voie est toute tracée. Leur choix ne les préoccupe pas. Ils suivront les traces d’un père ou d’une mère. Ils se lanceront dans un domaine qui les passionne déjà. Pour plusieurs, le chemin sera plus long. Il se fera à travers des hauts et des bas. Des essais et des échecs. C’est la vie dira-t-on… Nous sommes ici sur le terrain du choix d’un travail ou d’une profession.

Il en va ainsi pour la personne croyante qui désire découvrir son chemin, sa vocation car, comme le dit le pape François : « Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (Exhortation Gaudete et Exsultate sur la sainteté n. 11)

Nous avons dans les trois textes d’aujourd’hui trois récits de vocations qui ont été vécues par des personnes comme nous qui ont été l’objet d’un choix particulier de Dieu. À cause de circonstances particulières, le chemin déjà poursuivi a pris pour elles une direction nouvelle et inattendue. C’est ce qui est arrivé à Isaïe, à Paul, à Pierre et aux autres disciples du Christ.

La vocation d’Isaïe, Paul, Pierre passe par une rencontre.

Cette rencontre peut être extraordinaire comme la théophanie que vit Isaïe, perturbante comme celle de Paul sur le chemin de Damas, ou plus simple comme celle de Pierre qui rencontre un homme alors qu’il pêche sur le lac. Continuer la lecture

4e dimanche dans l’année C – 30 janvier 2022

Chers frères et sœurs,

Le texte, dans la première lecture du prophète Jérémie, a été écrit bien avant la venue de Jésus.

Jérémie est devenu le porte-parole du Seigneur. Le message qu’il doit transmettre, il ne l’a pas, lui, choisi. Sa mission, c’est de parler de la part du Seigneur, c’est de transmettre la parole de Dieu, même si elle ne plaît pas. Il devra parler sans crainte, même au risque de sa vie. Et ce c’est qui est arrivé : il a dû affronter l’hostilité des siens, ils l’ont combattu et persécuté mais rien ni personne ne peut empêcher Dieu de vouloir entrer en relation avec les siens pour nouer une relation d’alliance.

Dans la seconde lecture, nous avons la lettre de St Paul aux corinthiens. Envoyé par le Seigneur pour être l’apôtre des païens (les païens à l’époque de Paul, c’étaient des étrangers par rapport au peuple de Dieu et à sa religion.)

Comme tous les prophètes et comme Jésus lui-même , Paul a dû affronter les persécutions. Il nous avertit dans son hymne à la charité que les chrétiens divisés ou repliés sur eux-mêmes ne seront jamais de la race des prophètes. Il nous invite à ouvrir notre cœur aux dimensions de celui de Dieu.

Dans l’évangile. Afin d’accentuer le rejet de jésus par les gens de son village, St Luc dans son Évangile transforme cette première rencontre de jésus, dans la synagogue, avec les gens de son village et la situe au tout début de la vie publique de jésus. Chez les autres évangélistes, nous retrouvons cet évènement plus tard.

Dans le texte d’aujourd’hui nous avons un aspect de la vie de jésus qui, dans moins de 3 ans, sera condamné et de nouveau chassé hors de la ville pour y être crucifié.

« Chassé hors de la ville symbole cruel de rejet total « . Les lépreux étaient souvent chassés hors de la ville, de même que les malfaiteurs et les condamnés à mort.

En lisant le texte d’aujourd’hui, nous sommes tentés de condamner les gens de Nazareth, la classe politique et religieuse de Jérusalem, tout en nous félicitant, nous les chrétiens, d’accepter Dieu à bras ouverts, d’être di bon côté. Cependant, si nous sommes sincères, nous devrions admettre que souvent beaucoup de chrétiens, comme nous, rejettent Dieu hors de leurs familles, de leurs maisons, de leurs entreprises et de leurs décisions importantes. Nous lui rendons visite une petite heure le dimanche et ensuite nous le laissons dans le tabernacle, lui refusant accès à notre vie de tous les jours après la visite. (Séparation de vie privée et l’Eglise oblige)

Le monde d’aujourd’hui, nous disait notre Évêque dans sa dernière lettre pastorale, lue dans les églises du diocèse (celui de Namur), le monde d’aujourd’hui n’est plus un univers chrétien qu’ont connu nos parents et grands-parents et nous devons vivre en minorité dans la société pluraliste actuelle. Les religions diverses ont fait leur apparition et de nouvelles idéologies et philosophies se rencontrent sur nos places publiques.

Dans ce monde multidimensionnel, nous devons permettre à ceux et celles qui pensent différemment de nous de vivre en paix et d’agir selon leurs convictions. Mais ça ne veut pas dire que nous devons, nous chrétiens, abandonner nos propres croyances, convictions et traditions religieuses. Par exemple : si un non chrétien désire ne pas utiliser le mot « Noël « sur sa carte des vœux ou dans son calendrier, c’est son droit, car, peut-être la fête de la naissance de Jésus n’a pas une résonance chez lui, Cela ne nous oblige pas à faire disparaître tout ce qui nous rattache à notre fête chrétienne, à la vider de son contenu religieux pour manifester notre respect pour les convictions de l’autre.

L’évangile d’aujourd’hui nous provoque et veut nous sortir de la torpeur et de l’indifférence.

Avec les gens de Nazareth, le Christ nous rejoint aujourd’hui, au cœur de notre existence, et il nous invite à le laisser agir dans notre quotidien afin que nous ayons la vie en abondance. Laissons la parole de Dieu pénétrer jusqu’au fond de notre cœur et permettons au Seigneur de nous accompagner tout au long de notre vie.Ne le chassons pas hors de notre ville. Amen

Abbé Jeannot-Basile.

3e dimanche dans l’année C – 23 janvier 2022

Jésus l’accomplissement et la révélation parfaite de Dieu.

         Chers frères et Sœurs,

Dans la première lecture, le prêtre Esdras convoque une grande assemblée parce qu’il est indispensable que les peuples reviennent au fondement d’Israël après l’exil babylonien. Alors ce qu’il fallait avant tout, c’est restaurer la communauté, unir ceux qui était partit en exil et ceux qui était restés et avait dû s’accommoder avec l’occupant. C’est bien par la Loi donnée à Moïse, qui avait été à l’origine du peuple de Dieu, qui pouvait les rassembler en un seul corps. Et ce livre de la Loi c’est la parole de Dieu ; une parole vivante et agissante, qui est source encore aujourd’hui de notre unité et continue à faire de nous un corps où chacun trouve sa place et son rôle.

Dans l’Evangile, Jésus se montre lui-même comme l’accomplissement et la révélation parfaite de Dieu ; c’est en lui, que tout s’accomplit. Ainsi chers frères et sœurs, il n’y a pas de Peuple de Dieu, pas de famille chrétienne, pas d’Eglise, pas de foi authentique et donc de fidélité au Seigneur, sans rassemblement autour de la Parole, sans écoute attentive et célébration joyeuse. Et aussi retenons que pour ressouder une communauté, Esdras et Néhémie ne lui font pas la morale, ils lui proposent une fête autour de la parole de Dieu. Voilà pourquoi, nous allons demander au Seigneur, la grâce de lui rester fidèle et de se connecter à sa parole ; qui du reste, est la première délivrance de nos vies ; puis en cette semaine où nous prions pour l’unité des chrétiens, que nous puissions comprendre ceci : que ce qui nous unis est plus fort, que ce qui nous divise ; pour qu’un jour nous nous retrouvions dans la joie éternelle. Amen !

Père Magloire