Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (19)

Jeudi 9 avril. Sonnerie particulière ce soir. L’Église a pour tradition de sonner toutes les cloches le Jeudi Saint pour signifier leur départ à Rome, dont elles reviendront à Pâques. Toutes les cloches sonneront donc, non seulement celles du beffroi, mais aussi la cloche de l’église. Ça fait 7.

Comme chaque année à pareille époque, il n’y a aura donc pas de sonneries religieuses entre ce jeudi soir et samedi soir, moment de la veillée pascale. Plus d’angélus et pas d’annonce des offices, uniquement les ritournelles et sonneries liées à l’horloge publique.

La cloche de l’église, elle, restera muette.

Traditionnellement, les sonneries du Jeudi Saint et de la veillée pascale ont lieu au moment du Gloria, pendant les offices. Compte tenu de la pandémie, il n’y aura pas d’office et elles retentiront à 20h.

Le rendez-vous de vendredi pour accompagner les applaudissements de circonstance en raison de la pandémie aura bien entendu lieu, il n’est pas de nature religieuse.
Toutes les cloches sonneront à nouveau samedi à 20h et également dimanche à 12h00 pour annoncer Pâques.

A Gembloux, les cloches rendent service à tout le monde depuis le Moyen-Âge !

Illustration : Panorama avec le beffroi sans flèche et sans voix après l’incendie de 1905. Extrait d’une carte postale – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (18)

Mercredi 8 avril. En attendant une sonnerie exceptionnelle pour demain, deux cloches pour ce soir, intervalle de quarte comme hier, mais plus haut : Guibert et Romane, soit fa#-si.

Les deux clochers…

Malgré les liens étroits entre la ville et l’abbaye, la vie monastique requiert calme et quiétude, hors de la place publique. L’essor de la ville et la précarité des premières constructions de l’abbaye vont rapidement pousser les moines à se munir de quartiers particuliers.

Dès le Xe siècle, Olbert, 4e abbé de Gembloux, décide d’entreprendre une vaste reconstruction de l’abbaye. L’église initiale est laissée à la paroisse et les moines érigent leurs bâtiments juste à côté, dont une nouvelle église abbatiale, bien plus grande et munie d’une forte tour.

Ces bâtiments abbatiaux, à force de réparations et reconstructions, traverseront l’histoire jusqu’au XVIIIe siècle où on entreprit de tout reconstruire suivant d’autres plans. L’abbatiale d’Olbert se trouvait là où figure à présent le bâtiment de chimie de la Faculté.

Le visage de Gembloux présenta donc, du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, deux églises munies chacune de leur tour à la pointe de l’éperon rocheux. L’emplacement était stratégique.
De l’abbatiale d’Olbert et de l’église paroissiale Saint-Sauveur, nous n’avons pas de photo mais bien quelques représentations.

Hormis la tour de la seconde, il ne reste de vestiges qu’enfouis dans le sol.

Olbert, en plus d’être sensible à la cause des plus faibles, restaura la discipline et enrichit la bibliothèque, ce qui mena à l’âge d’or intellectuel de l’abbaye. Il fut également abbé de Saint-Jacques à Liège où il mourut en 1048. Rien d’étonnant à ce qu’une avenue porte son nom.

Illustrations : L’église Saint-Sauveur et l’abbaye au XVIIe siècle, extrait d’une gravure d’Harrewijn ; Dessin d’après ceux commandés par l’abbé Papin au XVIe siècle, dans Léon Namèche, La ville et le comté de Gembloux, Duculot, seconde édition, 1964, p. 345 ; Entre le beffroi et l’église actuelle, le bâtiment de chimie occupe l’emplacement de l’ancienne abbatiale d’Olbert (photo prise entre 1936 et 1954), collection privée – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (17)

Mardi 7 avril. Deux cloches au programme de ce soir : Joseph et Benoît, soit une quarte mi-la.

Cette semaine sainte qui se terminera par Pâques est l’occasion de revenir sur le lien historique de la Ville avec l’abbaye, des rapports entre le civil, temporel, et le spirituel qui sont encore illustrés de nos jours par les cloches dont la Ville partage l’usage avec la paroisse.

A Gembloux, qui détient historiquement le pouvoir et comment est organisée la vie locale ?

Dès sa fondation, l’abbaye de Gembloux s’est vue doter d’importantes propriétés et reconnaître de nombreux privilèges, notamment par ce qu’on appelle la charte d’Otton. Les moines prirent soin de faire confirmer à plusieurs reprises ce diplôme aux origines controversées tant il était profitable à Gembloux en termes d’autonomie et d’exemption de taxes.

C’est donc l’abbé, seigneur de la Terre de Gembloux, qui détient le pouvoir. La charte lui octroie des prérogatives que seuls les comtes possèdent, et même davantage. Il siège d’ailleurs comme premier noble aux états de Brabant, sorte de parlement, et non parmi les membres du clergé. Au XVIe siècle, les choses sont reconnues et la Terre de Gembloux est érigée en Comté. L’abbé est abbé-comte.

Voici qui nous en dit plus sur quatre noms de rue…

L’abbé exerce la justice à travers des échevins et un maïeur, ce dernier devant veiller aux poursuites et à l’exécution des peines. Le maïeur, ou bailli, est aussi chargé de l’administration générale du domaine. Un bourguemaître est préposé à l’entretien des routes et au maintien de la propreté et de la sécurité. Tout ce petit monde est désigné par l’abbé et révocable par lui à tout instant.

Une forme de consultation de la population est organisée sur certaines grandes questions, l’exploitation du domaine procure de l’emploi, les plus nécessiteux sont épaulés, notamment par la table des pauvres.

Les privilèges et le mode de fonctionnement semblaient convenir à la plupart. Ceci explique probablement pourquoi nulle opposition digne de ce nom ne se soit organisée pour contester les choses. A l’arrivée des révolutionnaires français, ceux-ci furent d’ailleurs plutôt repoussés jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’imposer et implanter les bases du fonctionnement local que nous connaissons encore aujourd’hui.

Il n’est donc guère étonnant qu’à Gembloux les mêmes cloches servaient au culte et aux besoins civils.

Illustration : La construction de l’abbaye, dessin commandé par l’abbé Antoine Papin, XVIe s., dans La Geste des abbés de Gembloux, par Jean-Paul Straus, éditée par le Cercle royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux, 2012, p. 29 – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (16)

Lundi 6 avril. Sonnerie des quatre plus grosses cloches pour ce soir. Ré-mi-fa#-la, les plus anciennes du beffroi. Petit exercice préparatoire vers ce qui nous attend plus tard cette semaine avec Pâques.

Les cloches, instruments du pouvoir.

 

Si les cloches suscitent la convoitise pour leur métal, elles l’ont fait aussi à titre de symbole du pouvoir.
En effet, historiquement, les messages étaient passés à la population au moyen des cloches. Le droit de les sonner appartenait à l’autorité.

Associées à l’horloge, elles indiquaient l’heure et rythmaient donc la journée de travail. Pas question d’horloge personnelle. Il existait une horloge de ville qui donnait l’heure pour tous, à de rares exceptions près. Les cloches annonçaient aussi la fermeture des portes, les réjouissances, le couvre-feu, les dangers… On leur obéissait. Leur rôle utilitaire était indéniable.

Elles ont donc eu un rôle social, sociétal, que les moyens de communication modernes ont progressivement fait évoluer. L’autorité use maintenant d’autres canaux pour faire connaître ses décisions et gérer le quotidien de la collectivité.

A côté du pouvoir civil de l’époque existait aussi l’Église qui appelait ses fidèles au son des cloches et exerçait aussi un pouvoir, qui pouvait d’ailleurs se confondre. Ceci engendra des rivalités entre autorités civiles et religieuses en bien des endroits.

L’apogée de ces conflits peut être trouvée à la Révolution française où l’on retira une multitude de cloches pour faire taire la voix de l’Église. C’est ce qui conduit à considérer que les cloches datant d’avant cette époque et qui existent encore sont de grande valeur : elles ont en effet traversé la période révolutionnaire et la Seconde Guerre mondiale pour parvenir jusqu’à nous.

Illustration : la girouette du beffroi avec les trois clés faisant partie des armoiries de la Ville. Source : Guy Focant, Région wallonne – article Manu Delsaute 

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (15)

Dimanche 5 avril. Ce soir nous entendrons nos deux cloches de 2012 de concert. Romane et Benjamine, si et do#. Sonnerie rapide et juste un ton de différence : c’est serré.

Où sont passées les cloches installées après l’incendie de 1905 ? La cloche Guibert s’est fêlée en 1926 et fut remplacée l’année suivante par un modèle au profil plus léger. De cet ensemble, il nous reste uniquement Benoît, la plus petite. Les autres subirent le même sort funeste que bon nombre de leurs sœurs : elles furent enlevées et fondues durant la Seconde Guerre mondiale lorsque l’Occupant, en manque de métal, décida de réquisitionner les cloches.

Pratiquement toute la Belgique fut concernée par la réquisition. La règle de base était de laisser au moins une cloche par clocher pour assurer un service minimal. Bien entendu, ce sont les plus grosses cloches qui en firent les frais. Quitte à emporter une cloche, autant prendre un maximum de métal. Continuer la lecture

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (14)

Samedi 4 avril. Reprenons la sonnerie d’hier et étendons-la en y ajoutant une note plus grave qui viendra asseoir l’ensemble, lui donner plus de consistance. Nous obtenons l’accord fa# mineur : fa#-la-do#.

Le ton d’une cloche dépend de deux facteurs : son diamètre et l’épaisseur de sa paroi. Plus le diamètre est grand, plus le son est grave. Plus la paroi est épaisse, plus le son est aigu, mais plus il résonne et porte loin.

Autrement dit, si on veut qu’une cloche sonne bien et loin, il faut augmenter son épaisseur et donc la quantité de métal. Mais dans ce cas, le ton va remonter et il faudra compenser en augmentant le diamètre… et qui dit diamètre plus grand dit à nouveau métal supplémentaire et poids plus important. Nous aurons vite compris que l’augmentation est exponentielle. Le poids d’une cloche de même tonalité peut sans problème varier du simple au double.

La cloche et donc un instrument de musique qui s’achète au kilo et il faut pouvoir faire des compromis entre le résultat idéal escompté et le poids de la bourse du commanditaire.

C’est pourquoi il existe plusieurs gammes de cloches qu’on appelle profils : pour les mêmes tons, on proposera différentes épaisseurs et donc différents poids pour satisfaire tout le monde. C’est ainsi qu’un ré pour par exemple peser 1.300 kg, 1.500 kg, 1.800 kg ou plus encore suivant qu’on choisira un profil léger, moyen, lourd, extra lourd… Cette échelle varie d’un lieu à l’autre. En Allemagne la norme va vers des profils fort lourds alors qu’ils sont plus légers en Italie.

A Gembloux, pour nos contrées, c’est assez lourd !

Les cloches installées juste après l’incendie de 1905 avaient un profil un peu plus lourd encore. Voici une photo qui les montre présentées dans l’église pour leur bénédiction. Elles furent expédiées par chemin de fer le 7 mars 1907 (la photo n’est donc pas de 1906 comme indiqué) et un télégramme confirma leur bonne arrivée à Gembloux le lendemain. Le bourdon légué par Gustave Docq viendra plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : Les cloches dans l’église en 1907 : Fonds Lucien Hoc du Cercle royal ‘Art et Histoire’. Lettre de voiture et télégramme : archives de la fonderie Causard-Slégers de Tellin (Archives de l’État à Saint-Hubert) – article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (13)

Vendredi 3 avril. Sonnerie à deux cloches en tierce majeure (deux tons d’écart) comme hier, mais en plus aigu : la-do# ou 4-6. Le langage des cloches est vaste et variable. La manière de sonner, le choix et les combinaisons de cloches apportent un rendu chaque fois différent. Il suffit d’y prêter attention.

Gembloux en Brabant !

On ignore souvent que jusqu’à la Révolution française, Gembloux était située dans le duché de Brabant. Nous sommes devenus namurois sous le régime français, département de Sambre et Meuse, puis sommes demeurés en province de Namur.

D’un côté ou de l’autre de la ligne, Gembloux a toujours eu un caractère frontalier. Au XIIe siècle, la rivalité entre le comte de Namur et le duc de Brabant faisait rage. Lorsque le premier voulut étendre ses terres, il lorgna naturellement sur celles qui se trouvaient juste derrière la limite, ce qui n’épargna pas Gembloux qui fut livrée aux flammes.

La scène est illustrée sur un des dessins commandés par l’abbé Papin (XVIe s.). Nos fortifications, dont nous avons fait le tour, rendaient bien des services mais n’ont pas suffi ce jour-là.

En revanche, elles remplirent pleinement leur rôle en 1489 dans un autre contexte lorsque les révoltés assiégèrent durant trois jours la Ville restée fidèle à Maximilien d’Autriche. Le cœur de Gembloux fut ainsi préservé mais les faubourgs et fermes alentours furent détruits. Ceci valut un autre dessin qui ne manque pas d’illustrer ici aussi les forces en présence et la tension du moment.

Illustrations : Dessins commandés par l’abbé Papin, XVIe s., dans La Geste des abbés de Gembloux, par Jean-Paul Straus, éditée par le Cercle royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux, 2012, p. 86-87 et 142-143 – article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (12)

Jeudi 2 avril. Les cloches Marie et Guibert donneront de la voix ce soir, soit ré-fa# ou un intervalle de tierce majeure qui laisse bien entendre les deux cloches utilisées.

L’évocation des remparts de la ville nous mène logiquement à aborder la question des portes d’accès.
Elles n’existent plus physiquement, mais nous continuons, souvent sans le savoir, à emprunter les chemins sur lesquels elles se trouvaient.

La Porte al Croix, ou Porte en Hault, était située à l’endroit où commence la Grand-Rue, actuellement doté d’un ralentisseur. Constituant à l’époque une des principales entrées de Gembloux, la Porte al Croix devait son nom à la proche présence d’une croix qu’on aperçoit bien sur la gravure de Grammaye.

La Porte Vers Moulin ou Wérimolin constituait un passage dans le bas de la ville, au bout de la rue Notre-Dame. Elle fut d’ailleurs aussi appelée Porte Notre-Dame. Elle permettait de rejoindre le moulin de Dessous-le-Mont, situé hors remparts dans la rue du… Moulin. Il se trouvait à proximité de la tour nord encore présente. La rue Notre-Dame doit son nom à la présence, jadis, d’une chapelle qui lui était dédiée.

Au bout de la rue Léopold se dressait la Porte au Trau, c’est à-dire « au trou », semble-t-il parce qu’en ce lieu, les remparts étaient flanqués de fossés remplis d’eau. Appelée aussi Porte St-Nicolas en référence à l’ancien nom de la rue Léopold, Porte d’Embas ou encore Porte de la Vallée, elle assurait, depuis le bas de la ville, le passage vers et depuis la vallée de l’Orneau en direction de Grand-Manil.

Enfin, quatrième et dernière porte, la Porte au Chien Noir, située au bout de rue du même nom, menait vers le faubourg de la Vôte.

Non, le cœur médiéval de Gembloux n’a pas beaucoup changé…

 

 

 

 

 

 

 

 

Illustrations : Détails de la gravure de Grammaye, 1608 : 1. Porte al Croix avec la croix toute proche et, en bas, la tour nord et le moulin. 2. Portes au Chien Noir, au Trau et Vers Moulin avec en haut à gauche la maison du Bailli – article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (11)

Mercredi 1er avril. Deux cloches pour ce soir : Guibert et Benoît, fa# et la, soit une tierce mineure. Bel intervalle pour une sonnerie à deux cloches, plus aigüe qu’hier.

Encore quelques mots sur les remparts. Il nous en reste une série de vestiges, parfois méconnus. A l’entrée de Gembloux, devant l’entrée de la Faculté, se trouve un reste du mur d’enceinte qui sépare le passage des Déportés de la place Saint-Jean. Dans l’immeuble blanc situé à l’angle de la Grand-Rue et de la place Saint-Guibert, on observe un renfoncement englobant les fenêtres de droite du rez-de-chaussée et du premier étage. Il illustre la hauteur que devait avoir l’enceinte qui passait par-là. La conciergerie de l’ancienne abbaye repose, sur sa gauche, sur un reste du mur, visible aussi dans l’immeuble adjacent.

Des vestiges des remparts subsistent dans quelques maisons (surtout dans les caves) de la place Saint-Guibert et de la rue Docq. De nombreuses constructions se sont appuyées sur les vieux murs. On retrouve le mur dans le bar de la brasserie l’Estaminet.

Nous conservons aussi deux tours d’angle : la tour nord, rue du Moulin au square Albert 1er et la tour sud, entre la rue Docq et le parc d’Epinal.

La première est improprement appelée tour des Sarrasins. Au moment où ont été bâtis les remparts en 1153, il n’était plus question de Sarrasins dans nos contrées et, du reste, s’ils avaient dû se présenter à Gembloux, ils ne seraient pas arrivés par ce côté.

Les illustrations jointes montrent les traces d’arrachement des murs sur ces tours d’angle qui ont été plusieurs fois réparées.

Il existe encore une troisième tour, à l’angle de la rue Docq et de la rue du Chien Noir, mais il s’agit d’une adaptation contemporaine de vestiges et il ne faut pas y voir d’image précise de ce qu’étaient les fortifications.

Dans le cadre des réaménagements à venir, la Ville envisage la reconstruction de l’enceinte médiévale et de ses portes.

Illustrations : IRPA, Google streetview et photo de Jean-Marc Gilles – article Manu Delsaute

Les cloches de Gembloux sonnent pour le personnel soignant … et les autres (10)

Mardi 31 mars. Au programme de ce soir, les deux plus grosses cloches, soit plus de 3 tonnes de métal en mouvement pour une sonnerie plus lente et plus grave : ré et mi. Les cloches sont en bronze, c’est-à-dire un alliage d’environ 78 % de cuivre et 22 % d’étain. Ces proportions donnent généralement le meilleur résultat en termes de solidité et de sonorité. Il existe aussi des cloches en acier mais elles restent extrêmement marginales et n’ont pas les mêmes qualités.

Quel est le point commun entre Gustave Docq et les invasions, sujets que nous venons d’évoquer ?

Les remparts…

En 1152, Gembloux reçut l’autorisation de s’entourer de remparts. Edifiés dès l’année suivante grâce à une vaste réquisition de main d’œuvre locale, ils étaient flanqués de différentes tours et comportaient quatre portes. La muraille et ses tours assurèrent des fonctions de défense durant plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’elles perdent leur utilité face à l’évolution des moyens d’attaque.

Les remparts permirent de résister tant bien que mal à différents périls. Ils encerclaient la ville du haut de la Grand-Rue au square Albert Ier (tour des sarrasins – rue du Moulin), suivaient ensuite l’éperon rocheux jusqu’à la place de l’Orneau, la rue Pierquin, et la rue Docq jusqu’à la place Saint-Guibert.

La rue Gustave Docq suit donc, hors de ceux-ci, le trajet des remparts. Elle s’appelait d’ailleurs rue des Remparts… 😊

Aujourd’hui, les voies de circulation du centre de Gembloux demeurent intimement liées au tracé des remparts et à l’emplacement des portes. Le caractère médiéval de ces voies sinuant autour d’un éperon rocheux explique pourquoi les rues du centre-ville sont étroites et escarpées.

Illustration : gravure de Jean-Baptiste Grammaye, Antiquitates illustrissimi ducatus Brabantiae, 1608 – article Manu Delsaute